Martinique : un déplacement au rythme des vagues.

J’étais la semaine dernière en Martinique pour une visite officielle rythmée par des séquences liées à la mer et l’économie bleue. Après avoir fait un point sur l’état d’avancement de plusieurs projets des Assises des outre-mer, dont celui du grand port maritime de Martinique, j’ai eu l’honneur de baptiser le navire CMA CGM Fort-de-France, le premier opérateur maritime des Antilles françaises. J’ai même pu m’essayer à une discipline nautique spécifiquement martiniquaise : la Yole !

Au port de Fort-de-France, à plus de 40 mètres de hauteur, j’ai échangé avec le Président du directoire du grand port maritime et le président de la collectivité territoriale de la Martinique sur l’avancement de leur projet de développement de l’activité de la croisière et de modernisation de leurs infrastructures portuaires, qui viendra compléter l’agrandissement du port maritime de Martinique. C’est d’ailleurs ce projet d’agrandissement qui a permis l’arrivée du porte-conteneurs CMA CGM Fort-de-France que j’ai eu l’honneur de baptiser en présence de M. Saadé, président directeur général du groupe CMA-CGM : un moment d’une grande émotion qui restera gravé dans ma mémoire. Ce navire de 219 mètres de longueur, de 35,6 mètres de large et d’une capacité de 3504 conteneurs, se trouve être le tout premier d’une série de quatre navires conçus spécifiquement pour la desserte des Antilles françaises.

Vous savez à quel point je suis attachée au développement de l’économie bleue dans les outre-mer, c’est pourquoi j’étais particulièrement fière de pouvoir participer à ce baptême qui actait le renforcement de nos bases maritimes ultramarines. En connectant six ports : Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Dunkerque, Anvers, Le Havre et Montoir-de-Bretagne, je suis convaincue que le Fort-de-France participera au rayonnement des outre-mer et de leurs marchandises sur l’ensemble du territoire national !

Le rayonnement des outre-mer passe aussi par la promotion de la richesse de la culture ultramarine et c’est ce que permettrait l’inscription de la yole ronde de Martinique au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. La Yole, c’est un peu le doris des Martiniquais : utilisée à l’origine par les marins-pêcheurs, elle fait aujourd’hui partie intégrante de la culture martiniquaise. Vous imaginez bien que la Saint-Pierraise que je suis n’a pas hésité une seconde à faire un tour dans ce bateau à coque arrondie. Accompagnée de mon collègue Franck Riester, ministre de la culture, un équipage expérimenté nous a permis de tester cette embarcation traditionnelle. Deux ministres dans une yole : il paraît que c’était une première !

 

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Liaison aérienne directe Paris – Saint-Pierre-et-Miquelon : encore plus de vols en 2019 !

Le 2 juillet 2018 a eu lieu un évènement important pour notre archipel : le premier vol direct à destination de Saint-Pierre-et-Miquelon. Aux côtés de nombreux Saint-Pierrais et Miquelonnais, j’ai pris place à bord de ce vol avec ma collègue Elisabeth Borne, ministre des Transports.

Pour moi, ce vol était la concrétisation de plusieurs mois de travail. Pour certains, c’était l’occasion de retrouver leurs proches après des mois, voire des années de séparation. Pour d’autres, c’était une façon de découvrir pour la première fois l’Archipel, désormais rapidement accessible. Pour d’autres enfin, c’était la possibilité de voyager sans dépendre du Canada.

Toutes ces personnes réunies m’ont permis de comprendre l’importance de ce vol inaugural. Il a permis de remplir tous les objectifs que je m’étais fixée : répondre à  une forte demande locale, rapprocher les habitants du territoire et ceux de la métropole, améliorer l’économie de l’archipel, développer son tourisme et son rayonnement.

L’émotion était palpable parmi les Saint-Pierrais et Miquelonnais lorsque nous avons atterri à l’aéroport Pointe-Blanche. D’abord parce qu’il est toujours très agréable de retrouver ses proches, mais aussi parce qu’un avion en provenance directe de Paris se posait pour la première fois sur notre archipel.

Et les résultats étaient là : à l’exception d’un vol sur huit, tous étaient complets.

Les habitants de SPM ont exprimé deux besoins à l’issue de cette première expérience : augmenter le nombre de vols et modifier les horaires, afin de faciliter les correspondances.

C’est chose faite. Il a été décidé d’augmenter le nombre de rotations et mettre en place de nouveaux horaires pour l’année prochaine. Ainsi, entre le 24 juin et le 11 septembre 2019, douze rotations seront effectuées, soit quatre de plus qu’en 2018. Les passagers décolleront de Paris les lundis à 16h00 et de Saint-Pierre-et-Miquelon les mardis à 10h30.

A l’issue de ces deux premières années expérimentales, l’offre définitive sera lancée pour trois ans en fonction de l’évaluation des besoins.

Tous à Saint-Pierre-et-Miquelon pour l’été 2019 !

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En Arménie, dernier pays à avoir adhéré à l'OIF (2/2)

Annick Girardin a conclu son déplacement de deux jours en Arménie par des entretiens avec Serge Sarkissian, Président de la République, et avec les ministres des Affaires Étrangères et de l’Éducation. Ces rencontres ont permis de faire avancer plusieurs projets franco-arméniens liés à la francophonie culturelle et à la francophonie économique.

En marge du déplacement, la secrétaire d’État a déposé une gerbe au mémorial du génocide arménien. Interrogée par les media arméniens, elle a rappelé que :

face à la barbarie dont les nationalismes sont capables, nous ne devons jamais cesser de promouvoir la paix et le dialogue entre les cultures.

2e sommet sur l’Économie bleue à Abou Dhabi

La secrétaire d’État a participé ce mardi 19 janvier au deuxième sommet sur l’économie bleue, organisé à Abou Dhabi par les Émirats Arabes Unis et les Seychelles.

Cet évènement international, qui a pour thème « un océan, un avenir », s’inscrit dans le suivi de l’accord de Paris et la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable 14 adopté en 2015 qui concerne la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines aux fins du développement durable. Dans son discours, Annick Girardin a rappelé que l’océan est le principal régulateur du climat mondial et qu’à ce titre la première réponse au réchauffement climatique est une meilleure gestion des ressources marines :

Monsieur le Ministre et envoyé spécial pour l’énergie et le changement climatique des Emirats Arabes Unis,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
 
L’Accord de Paris, que nous avons adopté lors de la COP21, incarne un formidable élan pour la protection de la planète, de ses habitants et de ses écosystèmes.
Le préambule de cet accord marque un tournant en reconnaissant, comme jamais auparavant, l’importance de la protection des océans, parce que leur rôle dans la protection du climat est majeur. Sans océans en bonne santé, sans leur capacité à stocker du CO2, mais aussi à fournir à ceux qui en dépendent, la nourriture, l’énergie et tant d’autres biens et services, nous ne réussirons pas à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, limiter le réchauffement de la planète en deçà de 2°C, voir 1,5°C.
Cette vision, elle est portée depuis longtemps par certains états insulaires, comme les Seychelles – que je remercie ici pour leur fort engagement – ou encore par l’ensemble des petits états insulaires en développement qui se sont réunis à Samoa en 2014 – j’ai eu le privilège de participer à ces échanges.
Tous ces acteurs ont fait le pari que l’économie bleue représente un formidable levier d’action pour le développement durable et la réduction de la pauvreté. Je viens moi-même d’un territoire insulaire français et en suis convaincue.
La France, qui possède le deuxième domaine maritime au monde, se situe en pointe dans ce secteur, avec un riche tissu d’entreprises qui valorisent les bioressources marines comme source naturelle d’innovation, mais aussi les énergies marines.
Ce potentiel des océans, considérable, est menacé par les effets du réchauffement climatique. L’acidification et le réchauffement des eaux, nous le savons tous ici, modifient les propriétés de l’océan et dégradent les écosystèmes marins, réduisant la diversité et le nombre des espèces. Cela aura de lourdes conséquences sur notre mode de vie.
Mais ne cédons pas au pessimisme : les ressources marines, si elles sont gérées de façon durable, sont nos principales alliées dans l’atténuation du réchauffement climatique.
L’océan étant le principal régulateur du climat mondial, la façon dont nous allons gérer ces ressources déterminera donc en grande partie la réponse que nous allons apporter à la problématique du réchauffement climatique.
C’est pour cela que notre réunion d’aujourd’hui est, grâce à l’engagement des Émirats Arabes Unis et de la République des Seychelles, si importante.
Cette réunion perpétue aussi l’esprit de la COP21 et de l’Accord de Paris sur le climat.
Chaque Etat a des responsabilités dans ce défi. La France entend assumer les siennes à deux niveaux.
Le premier niveau, c’est l’exemplarité : il faut mieux protéger la biodiversité marine et trouver des techniques et des stratégies d’exploitation durables de ces ressources. Concernant la protection de la biodiversité, la France a fait des progrès considérables ces dernières années, plus de 16 % de ses eaux territoriales sont des aires marines protégées, 20 % le seront d’ici la fin de l’année.
Mais il faut aller plus loin que la simple protection, c’est le deuxième niveau, et agir en faveur d’une économie bleue globale, synonyme d’utilisation durable des ressources de la mer.
Pour cela, il nous faut notamment développer et partager les énergies marines renouvelables et les biotechnologies marines. Les mécanismes de transfert des technologies et de renforcement des capacités prévus par l’Accord de Paris sur le climat doivent servir à cela.
C’est aussi le sens de l’initiative CREWS sur les systèmes d’alertes que j’ai lancé avec l’Australie, le Canada, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays Bas et le Japon lors de la COP21. Son objectif est simple : permettre à tous ceux qui, dans les pays vulnérables sont menacés par les catastrophes climatiques, en particulier les cyclones et les tempêtes, d’être prévenu bien en amont de l’arrivé d’un tel évènement et de pouvoir se mettre à l’abri. Nous avons mobilisé 80 millions d’euros pour cela d’ici 2020, et je lance aujourd’hui un appel pour que d’autres pays rejoignent cette coalition.
Il faut également agir sur les sources de pollutions venant de l’économie bleue et réduire les émissions liées aux activités maritimes.
La France a fait la demande de généraliser à l’échelle internationale un système obligatoire de surveillance, de déclaration et de vérification des émissions de CO2 issues du trafic maritime.
L’adaptation est aussi au cœur de l’économie bleue. Nous devons soutenir le développement et la diffusion des connaissances scientifiques sur les océans afin de produire des outils d’évaluation, de planification et de prospective. Nous devons également soutenir le développement de stratégies d’adaptation pour les territoires côtiers et insulaires vulnérables.
Là aussi, la France et ses partenaires entendent innover. A la demande des Seychelles, nous avons choisi d’explorer un projet de conversion de dette pour l’adaptation aux effets du dérèglement climatique. Ce projet va permettre à cet archipel de l’océan indien de consacrer plus de ressources à la protection de sa très riche biodiversité, pourtant menacée par le réchauffement et notamment par les effets d’El Niño, particulièrement violent cette année.
Je suis donc particulièrement fière que l’Accord de Paris ait fait entrer pour la première fois le terme « océans » dans le texte d’un accord climatique.
La COP21 a aussi été la première à dédier une journée entière aux océans. Le 3 décembre, les acteurs de la société civile, de l’économie et de la recherche se sont mobilisés avec succès pour faire entendre l’urgence de la situation.
L’Accord de Paris a pour la première fois inscrit dans le marbre onusien l’engagement de tous les acteurs de la société civile, les associations, les centres de recherche, mais aussi les collectivités territoriales, qui sont souvent en première ligne pour gérer les effets du dérèglement climatique, et enfin les entreprises, indispensable au terme même d’économie bleue.
Le temps où la simple protection de quelques zones marines vulnérables semblait suffire pour sauver les océans est révolu. Il est désormais nécessaire de penser l’ensemble des questions océaniques comme un nouveau partenariat économique, social et environnemental avec tous ceux qui vivent et font vivre les océans.
Nous avons plusieurs pistes concrètes de progrès qui doivent nous permettre d’avancer. La France a participé à l’élaboration de la déclaration « Because the Ocean », qui compte à présent plus de 22 Etats signataires – dont les Seychelles et Palaos – qui recouvrent plus de 35% des zones économiques exclusives mondiales.
Avec « Because the Ocean », la France soutient la réalisation d’un rapport spécial sur les enjeux liant océans et climat par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
La France soutient également la mise en œuvre de l’objectif de développement du
rable n°14, nous en discuterons cet après-midi.
A travers l’action du Fonds Français pour l’Environnement mondial, la France finance des opérations œuvrant pour une gouvernance durable et intégrée des territoires côtiers, insulaires et marins, au bénéfice des populations locales et des écosystèmes.
Après une année 2015 historique qui aura consacré la reconnaissance du potentiel de l’économie bleue, 2016 doit être l’année des mesures concrètes pour protéger les ressources marines et en extraire des moyens innovants, essentiels à une transition vers des modes de vie durables.
Je vous remercie.

Au cours de son déplacement, la secrétaire d’État s’est entretenu avec le Président de la République des Seychelles, James Michel, et la ministre du Développement et de la Coopération internationale des Émirats Arabes Unis, Madame Loubna Bint Khalid Al Qassimi.

Annick Girardin a achevé son déplacement par la signature du contrat pour un projet-pilote sur le dessalement entre une entreprise française, Mascara, et une entreprise émiratie, Masdar, qui porte « l’alliance pour  un dessalement propre » lancée dans le cadre de la COP21 et soutenue par la France.

Aux 35èmes rencontres nationales du Crédit Coopératif

A l’invitation de Jean-Louis Bancel, Annick Girardin s’est rendue aujourd’hui aux 35es rencontres nationales du Crédit Coopératif où j’ai rappelé le dynamisme et l’engagement du gouvernement pour montrer la force du modèle français en matière d’Économie Sociale et Solidaire.

 

Mesdames, Messieurs,
 
Je suis ravie de répondre à l’invitation de mon ami Jean-Louis Bancel. C’est un plaisir d’être parmi vous aujourd’hui, pour cette 35ème rencontre nationale du crédit coopératif.
 
Le Crédit Coopératif, c’est une vieille maison. Une vieille maison qui a su rester jeune. Une maison ouverte, curieuse et à l’écoute ; une maison qui illustre si bien cette expression  » citoyens du monde, acteurs des territoires ».
Citoyens du monde, de par cet engagement international qui remonte à plus de trente ans ;
Maison curieuse et innovante, toujours en quête d’innovation financière en faveur de la solidarité ;
Maison impliquée dans les réflexions sur le développement et son financement. Je pense notamment au rapport d’Hugues Sibille. Je pense à votre implication dans Convergences ;
Maison qui porte si bien ce nouveau modèle de l’économie sociale et solidaire sur nos territoires et les territoires plus lointains …
 
Merci pour tout cela.
 
Je reviens de New-York, où la communauté internationale a adopté, vous le savez, un nouvel agenda du développement.
 
Ce nouvel agenda, c’est un tournant … il reconnait le rôle des acteurs économiques engagés dans le développement durable ; il vous fait une place, à vous qui êtes pionniers dans l’invention de cette façon d’entreprendre respectueuse des hommes et des territoires.   
 
C’est une excellente chose. Je suis convaincue que le secteur privé « responsable » est au cœur des réponses aux défis du développement durable. Je parle d’un monde zéro carbone, zéro pauvreté. En cette année de COP21, nous devons montrer concrètement que c’est possible. L’ESS le rend possible. Je crois aux apports concrets de ce modèle.
La France, soyons en fiers, est le deuxième pays coopératif du monde.
 
L’ESS représente aujourd’hui une part visible de l’emploi et de l’activité dans notre pays, et une source de création durable de richesse économique et sociale ;
 
En 2014, malgré une conjoncture difficile, l’emploi dans l’ESS a progressé à un rythme trois plus élevé que le reste de l’emploi privé ;
 
L’ESS, c’est un potentiel d’emplois évident :   près de 600000 emplois à renouveler d’ici 2020.
 
L’ESS, enfin, c’est un secteur caractérisé par sa capacité à faire évoluer les périmètres et à se projeter hors des frontières. Telle est, en tout cas, la vision portée par ce gouvernement :
 
Deux lois ESS l’illustrent :
  1. la loi ESS de juillet 2014 définit une vision renouvelée,  ouverte et inclusive de l’ESS. Elle porte ce modèle français de l’ESS, cher à Martine Pinville, que de nombreuses régions du monde nous envient ;
  2. la loi Développement et Solidarité internationale, que j’ai défendue au Parlement en juillet 2014 également, porte la reconnaissance du rôle de l’ESS dans la politique de développement.  
New-York a été un moment important de cette reconnaissance, puisque le Président de la République a présidé l’événement du groupe pilote sur l’ESS, lancé l’an dernier à son initiative, présidé par Thierry Jeantet, et soutenu par des pays et organisations investis dans ce secteur.
 
Nous pouvons nous féliciter que l’ESS et le rôle des coopératives figurent désormais en bonne place dans les grandes déclarations internationales, celle d’Addis-Abeba ou celle de New-York, et bientôt celle de Paris …
Vous êtes un acteur majeur de cette COP21. Et l’événement que vous organisez le 3 décembre le montrera ….
Au-delà de cette reconnaissance, il y a des actes concrets : et je souhaite profiter de cette rencontre pour rappeler quelques avancées en faveur de l’ESS dans notre politique de développement :
  1.  Depuis que j’ai l’honneur d’être en charge de la politique de développement, je porte cette vision partenariale du développement, pour construire ensemble des modèles économiques favorables au développement durable. Je présenterai bientôt une stratégie dans ce domaine, où l’ESS tiendra une large place. Cette stratégie dressera des pistes pour l’action publique, en matière d’accompagnement, de financement.
  2. L’Agence Française de Développement adapte progressivement ses outils de financement aux besoins de l’entrepreneuriat social au sud. Elle a lancé en juin dernier une initiative en faveur du financement de l’entrepreneuriat social ; et je me réjouis du partenariat qu’elle vient de signer avec le Crédit Coopératif.
  3. La France affiche sa volonté d’avancer sur une voie française de la finance à impact. Nous ne devons pas nous abstenir dans ce domaine car sinon le modèle anglo-saxon s’imposera. Nous devons être fiers que l’expérience française en matière de finance de partage et de finance solidaire soit une source d’inspiration pour d’autres pays. Soyons fiers que, dans le domaine du micro-crédit grâce à des opérateurs comme l’ADIE et France Active, le modèle français puisse s’exporter.
  4. Enfin, je voudrais souligner combien je suis enthousiasmée par cette jeune génération connectée, engagée, et qui fourmille d’idées et de projets à la frontière de l’économique et du sociétal. Je les croise dans les initiatives comme « La France s’engage » ou celle que je porte « La France s’engage au Sud », je les retrouve dans les lieux de co-création ou sur les territoires qu’ils contribuent à animer … à Dakar ou Phnom-Penh, à Nairobi ou Port-au-Prince… L’invention de nouveaux modèles économiques, c’est leur moteur, c’est le sens de l’action … et je suis heureuse que nous les aidions chaque fois que nous le pouvons.
Écoutons cette jeunesse solidaire qui cherche du sens et trouve des solutions … 
 
Sortons, avec elle, de la morosité ambiante, et rappelons que la solidarité est un levier d’une mondialisation à visage humain. La France doit être en première ligne, elle qui s’est construite sur cette devise de fraternité. Chers amis, soyons en première ligne.

Entretien du mercredi 7 octobre sur SPM1ère

De retour de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York, la secrétaire d’État a donné deux conférences, à Miquelon et à Saint-Pierre , sur la COP21. Interrogée par Ibrahim Ahmed Azi, Annick Girardin revient, suite à son séjour sur l’Archipel, sur les sujets qu’elle a évoqués avec les Saint-Pierrais et Miquelonnais.

Discours à la conférence internationale pour le financement du développement à Addis-Abeba

En plénière de la 3ème Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement durable, qui se tient à Addis Abeba en Ethiopie depuis le lundi 13 juillet 2015, Annick Girardin a aujourd’hui pris la parole au nom de la France :

Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,
 
La solidarité est une valeur au cœur de la République Française, nous qui célébrons aujourd’hui notre fête nationale, anniversaire d’une Révolution dont elle était un des piliers. Dans la devise de notre république, l’égalité et la fraternité nous rappellent chaque jour cet engagement.
 
Le financement du développement, c’est l’expression même de la solidarité à l’échelle du monde, et la France en prend sa part.
 
Etre solidaire, c’est donner de l’aide publique au développement. Avec 8 milliards d’euros en 2014, dont près de la moitié versée aux pays africains, la France est le quatrième bailleur mondial.
 
Etre solidaire, c’est se fixer des objectifs ambitieux pour l’avenir. L’Union européenne est le premier bailleur international avec le Fonds européen de développement. Au sein de l’Union, nous restons déterminés à consacrer à l’APD 0,7 % de notre revenu national en 2030. Et à consacrer aux pays les moins avancés 0,15 % à court terme, et 0,20 % avant 2030.
 
La solidarité, c’est un enjeu pour chacun. C’est aussi rappeler que tous les acteurs, publics et privés ont une responsabilité.
Pour construire un monde, plus juste, plus équitable, plus viable, nous avons besoin de lutter contre l’évasion fiscale et les flux illicites, et que chacun développe ses ressources domestiques. Pour ce monde plus juste, nous avons besoin des entreprises, de leur dynamisme et de leur capacité d’innover, mais nous avons aussi besoin qu’elles respectent les règles du jeu et qu’elles assument leurs responsabilités sociales et environnementales.
Pour construire un monde plus juste, nous avons besoin des territoires du monde, qui sont les premiers à lutter contre les impacts du dérèglement climatiques, mais apportent aussi des réponses immédiates aux besoins en termes de santé, d’éducation, d’eau ou encore d’énergie. Enfin, pour un moins plus juste, nous avons besoin d’accroitre notre engagement dans l’Aide Public au Développement. Dans cet esprit, la France a initié de nouvelles contributions de solidarité fondées sur les produits du transport aérien et de la finance.
 
La solidarité, c’est aussi aider à la résolution des crises humanitaires, destructrices du développement. Nous l’avons fait en luttant contre le fléau Ebola, en y consacrant 160 millions d’euros, en appuyant les personnels soignants et la mise en place de centres de traitement.
 
La solidarité enfin, c’est agir pour la sécurité et la paix, car le chaos et la guerre sont les premiers ennemis du développement. La France y prend sa part, au Sahel, dans le bassin du lac Tchad, en Centrafrique et partout contre le terrorisme.
 
Bref, la France, comme c’est son devoir, est au rendez-vous de la solidarité mondiale avec les plus pauvres et les plus vulnérables. Et je suis venu vous redire ici que nous le resterons.
 
Mesdames et Messieurs,
A New York en septembre, nous définirons de nouveaux objectifs de développement durable, avec pour objectif de rééquilibrer la croissance économique mondiale. Les ODD marqueront un tournant, d’abord parce qu’ils sont universels. Ensuite, parce qu’ils ne sacrifieront pas l’environnement à l’économie, pas plus qu’ils n’opposeront les droits sociaux au développement  économique.
A Paris en décembre, lors de la 3ème étape de ce marathon international que nous commençons aujourd’hui, lors de la COP 21, notre objectif sera un accord universel permettant de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2°C.
Addis-Abeba, New York, Paris : ce triangle doit permettre un changement.
Il le faut parce que le dérèglement du climat menace le développement. L’injustice est double : les pays le plus durement frappés sont les plus pauvres : ils ont peu contribué au réchauffement, mais ils sont les plus vulnérables à ses conséquences. Si nous n’agissons pas, le climat ruinera le développement.
L’autre raison de lier ces deux enjeux, ce sont les avantages des politiques climatiques pour les politiques de développement. Quand on finance, comme c’est notre cas, un projet de gestion durable des forêts au Congo-Brazzaville, on lutte contre la déforestation tout en créant de l’emploi local. Quand on soutient la géothermie et les fermes éoliennes au Kenya et en Ethiopie, on développe l’industrie verte tout en améliorant l’accès à l’énergie.
 
Le combat pour le climat est aussi un combat pour le développement. A condition que le combat pour le climat soit fondé sur la justice.
 
Aujourd’hui, les conditions de cette justice ne sont pas encore réunies. Il est impératif d’accélérer les efforts pour tenir la promesse de solidarité financière et technologique envers les plus pauvres.
 
C’est pourquoi l’esprit de solidarité d’Addis-Abeba doit ouvrir la voie de la justice à Paris. C’est ainsi que nous avancerons vers le monde « zéro carbone, zéro pauvreté » que, tous ici, nous voulons construire.
 
Merci.

 

À Bamako pour la dernière conférence de suivi du processus « Ensemble pour le renouveau du Mali »

Annick Girardin est au Mali du 16 au 18 février pour la cinquième et dernière réunion de suivi de la conférence de Bruxelles pour la reconstruction, « Ensemble pour le renouveau du Mali ». À Bamako, la secrétaire d’État a été reçue par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Elle a rencontré également des représentants de la société civile, des jeunes bénéficiaires du projet d’appui à l’insertion professionnelle ainsi que d’anciens boursiers du gouvernement français.

A l’occasion de la conférence, qu’elle a présidé conjointement avec le Premier ministre malien Modibo Keïta et le commissaire européen Christos Stylianides, Annick Girardin a signé les conventions permettant le financement par l’agence française de développement du programme d’appui au développement social et sanitaire dans la région de Mopti et du projet d’appui au développement des territoires ruraux des régions de Ségou et de Tombouctou, pour un montant total de 40 millions d’euros.

Dans le discours d’ouverture de la réunion, la secrétaire d’État a rappelé les progrès accomplis depuis la conférence de lancement du 15 mai 2013, qui avait permis de réunir près de 3,3 milliards d’euros pour soutenir le développement du pays.

 
            Monsieur le Premier ministre,
            Mesdames et Messieurs les Ministres,
            Monsieur le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU,
            Monsieur le Commissaire européen,
            Mesdames, Messieurs,
 
Je tiens en premier lieu à vous remercier, Monsieur le Premier ministre, et à travers vous, tout le Mali, qui nous accueillez aujourd’hui chaleureusement pour cette nouvelle conférence de suivi du processus lancé à Bruxelles il y a maintenant presque deux ans.
Je salue également les représentants des partenaires du développement du Mali, les États et les institutions internationales qui s’investissent à vos côtés tout particulièrement depuis deux ans, de même que les représentants des collectivités territoriales, de la société civile et du secteur privé ici présents, qui jouent un rôle essentiel pour le relèvement du Mali. Votre participation nombreuse aujourd’hui montre que nous restons tous mobilisés pour accompagner le Mali et je m’en félicite.
Que de chemin parcouru depuis deux ans ! Et en même temps, que de défis encore à relever pour consolider la marche de votre pays sur le chemin de la paix, de la stabilisation et du redressement !
 
Politique
 
D’abord, depuis les élections de 2013, la démocratie se renforce au Mali, et nous nous en réjouissons, même si nous savons qu’il s’agit là d’un long chemin.
Depuis le début de l’année, un nouveau gouvernement est au travail sous votre autorité, Monsieur le Premier ministre, pour poursuivre les réformes engagées depuis 2013. Nous ne pouvons que nous réjouir des trois priorités que vous avez choisies – la sécurité des personnes et des biens, le développement économique et social, la justice – et des moyens mis en avant pour atteindre ces objectifs : plus de décentralisation, plus d’écoute de la population notamment en matière de développement local, de meilleures capacités de mise en œuvre. Il s’agit là de questions essentielles sur lesquelles la conférence d’aujourd’hui doit se pencher précisément : comment organiser notre travail pour permettre une plus grande implication de la population et un renforcement de la dimension locale des projets ? Cette question sera au cœur de nos travaux.
Cette dimension locale du développement, dans un cadre coordonné par le gouvernement, est essentielle à la pérennité des projets et à la consolidation durable du vivre-ensemble, et donc de la paix. C’est particulièrement important dans la perspective de l’accord de paix dont le Mali a besoin et que la communauté internationale espère ardemment.
 
Alors que les discussions viennent de reprendre à Alger, il est crucial qu’une confiance mutuelle s’instaure entre les parties. Pour cela, il importe que tous les actes de violences et les provocations cessent sur le terrain, quels qu’en soient les acteurs et les initiateurs. La France appelle l’ensemble des parties à prendre leurs responsabilités. Notre réunion d’aujourd’hui, qui porte sur nos coopérations pour un développement équilibré du pays, est en soi un encouragement aux parties, pour qu’elles choisissent résolument la voie de la paix et du développement en concluant ces négociations.
 
Ce choix de la paix, sans laquelle aucun développement n’est possible, c’est d’abord aux Maliens de le faire.
 
La communauté internationale ne pourra venir qu’en accompagnement du futur accord. Elle y est prête. L’enjeu sera de consolider le futur accord de manière à ce que la population perçoive concrètement les dividendes de la paix.     
 
Mise en œuvre des engagements pris à Bruxelles
 
L’objet de cette nouvelle conférence de suivi, qui devrait être la dernière dans son format actuel, est d’abord de dresser un nouveau bilan :
  •  d’une part de la mise en œuvre des actions prévues dans le Plan pour la Relance Durable du Mali, engagé en 2013 ; et
  • d’autre part de faire un nouveau point de la mise en œuvre des engagements des quelque 55 bailleurs bilatéraux et multilatéraux qui appuient, depuis deux ans, le processus de stabilisation et de redressement du pays, pour un montant global de plus de 3 milliards d’euros.
La France, pour sa part, avait promis à Bruxelles un appui sur deux ans de 280 millions d’euros. Elle a tenu et même dépassé son engagement. Fin 2014, c’est un total de 310 millions d’euros que la France aura engagé en faveur du Mali, à travers de l’aide-projets dans tous les secteurs de la vie économique et sociale, notamment via l’Agence française de développement, mais aussi à travers des appuis sous forme d’aide budgétaire, notamment à la faveur du déblocage de la situation avec le FMI à la fin de l’année dernière.
 
Aujourd’hui même, je lancerai deux projets importants concernant, d’une part, un prêt de 27 millions d’euros en faveur du développement des territoires ruraux des régions de Ségou et de Tombouctou  et, d’autre part, un projet de 13 millions d’euros dans le cadre du Programme d’appui au développement social et sanitaire dans la région de Mopti.
Comme je l’ai dit à Paris en septembre dernier, cet exercice n’est pas un exercice économique et financier comme n’importe quel autre. Il  avait l’ambition d’initier une nouvelle méthode entre les bailleurs et les autorités maliennes. Une méthode fondée sur un contrat, selon lequel financements et réformes doivent aller de pair. Une méthode impliquant un suivi régulier et un dialogue franc et sincère.
C’est pourquoi je mentionnerai ici rapidement les secteurs où il importe de saluer les efforts engagés par les autorités maliennes, mais aussi les attentes de la communauté internationale. Il s’agit :
  • de la poursuite de la réforme des finances publiques et de la justice
  • de l’avancement du processus de décentralisation,
  • de la priorité aux secteurs sociaux de base, notamment à destination des plus vulnérables sur toute l’étendue du territoire
  • ou encore de l’amélioration du climat des affaires – car le secteur privé, en créant des emplois décents, est la clé d’un développement économique et social durable.
Les partenaires internationaux, pour leur part, au-delà du respect de leurs engagements  financiers, attachent la plus grande importance à ce que leur aide soit délivrée en toute transparence, selon une approche contractuelle. Parmi ces partenaires, je souhaite mentionner les Nations unies, qui fixent le cadre de nos actions à tous. Je salue plus particulièrement l’engagement de la MINUSMA et le courage de celles et ceux qui se dévouent à la mission qui lui a été confiée.
Je souhaite saluer également l’engagement de la Commission européenne, avec laquelle nous co-organisons, depuis deux ans, le suivi du processus initié à Bruxelles. L’Union européenne demeure un acteur de premier plan dans le règlement de la crise malienne, que ce soit sur le plan de l’aide humanitaire et du développement ou en matière de réforme du secteur de la sécurité. La France est fière d’être, en plus de son action à titre bilatéral, le deuxième contributeur des actions de l’UE.
 
Organiser un suivi opérationnel après cette dernière conférence
 
Je l’ai dit, notre réunion est aujourd’hui la dernière dans son format actuel. Beaucoup a été fait, beaucoup reste encore à faire. Nous devons donc réfléchir ensemble à la formule de suivi la plus adéquate, en capitalisant sur l’existant et sur ce qui a bien fonctionné,  pour permettre la meilleure affectation de l’aide dans les mois et les années qui viennent.
Pour cela, il nous semblerait utile de systématiser le recensement, secteur par secteur, de l’avancement des réformes du côté malien et des soutiens des partenaires techniques et financiers, en identifiant dans chaque secteur :
  • les cadres les plus à même de garantir l’efficacité de l’aide,
  • les projets prioritaires à mener, et
  • les exercices à organiser dans les prochains mois pour identifier précisément qui doit faire quoi et avec quels moyens. A cet égard, la stratégie commune d’assistance au pays en cours de finalisation, dite SCAP II, nous semble offrir des mécanismes de suivi intéressants, dès lors qu’ils s’appuieront sur un dialogue permanent entre autorités nationales et partenaires techniques et financiers.
Pour résumer, l’enjeu principal de cette conférence est de transformer l’essai de l’exercice lancé il y a deux ans à Bruxelles pour accompagner le Mali sur le chemin de la stabilisation et du redressement. Le processus de Bruxelles a donné de bons résultats et il importe aujourd’hui de se concentrer sur la question de l’efficacité. La question doit moins être : « combien » mais plutôt : « comment ». Non plus faire des annonces nouvelles, mais nous organiser pour que  les appuis annoncés soient utilisés selon les meilleures pratiques, en lien direct avec les priorités des autorités maliennes et permettent, ainsi, de pérenniser le renouveau du Mali.
 
Je souhaite un plein succès à vos travaux et me réjouis de vous retrouver cet après-midi.

Au lancement du fonds Livelihoods pour l'agriculture familiale

Avec les partenaires du fonds Livelihoods

Annick Girardin a participé ce soir au lancement du Fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale. Cofinancé par deux grandes entreprises du secteur agroalimentaire, et destiné à accueillir d’autres contributeurs, ce fonds innovant prévoit l’investissement de 120 millions d’euros dans les 10 prochaines années dans des projets en Afrique, Asie et Amérique latine, avec l’objectif d’aider 200 000 exploitations familiales et 2 millions de personnes pour pérenniser leurs cultures.

 

Discours pour le fonds Livelihoods

 

Discours pour le fonds Livelihoods 2Dans le discours suivant, la secrétaire d’État en charge du Développement et de la Francophonie, a rappelé que l’agriculture familiale est un pilier du développement et de la lutte contre la pauvreté, car il répond à la nécessité de produire plus avec moins de ressources naturelles et d’adopter de bonnes pratiques pour protéger l’environnement. Pour Annick Girardin, il faut encourager et soutienir les initiatives d’entreprises qui contribuent au développement durable au travers de modèles innovants.

Monsieur Franck Riboud, Président du Conseil d’administration de Danone,
Mme Victoria B Mars, présidente du Conseil d’administration de Mars,
Mesdames, Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
 
Je me réjouis d’être avec vous ce soir pour le lancement du Fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale, un fonds cofinancé par les groupes Danone et Mars, deux groupes majeurs de l’agroalimentaire qui innovent ensemble pour produire autrement, pour produire mieux et plus durablement.
 
C’est un très beau succès pour le développement durable. Et c’est de bon augure, pour le fonds et pour le développement durable, que de rassembler ici, ce soir, autant de monde, d’horizons si différents … pour cela, déjà, je vous félicite.
 
Le lancement de ce Fonds pour l’agriculture familiale me réjouit d’autant plus qu’il est une traduction concrète de l’une des propositions du rapport sur le développement qu’Emmanuel Faber, Directeur général de Danone, évidemment présent aujourd’hui et que je salue, m’a remis avec Jay Naidoo en juin dernier.
 
Vous nous faites des propositions et, en plus, vous les mettez en œuvre … ce n’est pas commun, et je vous en félicite doublement. Je vous confirmerai qu’en parallèle, des outils et des projets inspirés par ce rapport se concrétisent, et que nous construisons cette approche partenariale du développement.Discours au lancement du fonds Livelihoods pour l'agriculture familiale
 
Mais avant cela, laissez-moi rappeler l’importance de l’agriculture familiale dans notre politique de développement, par quelques mots très brefs car M. le Ministre, cher Stéphane, je vous laisserai évoquer plus en détail ce sujet qui vous tient à cœur.
 
Face à une population mondiale en croissance rapide et qui exerce une forte pression sur les écosystèmes, la nécessité de produire plus avec moins de ressources naturelles est un défi majeur. C’est un défi pour ces centaines de millions de petits agriculteurs qui vivent aujourd’hui de l’agriculture familiale et répondent, avec leurs productions, à plus des deux-tiers des besoins alimentaires mondiaux.
Pour eux, qui sont souvent très pauvres et pour la préservation de la planète, c’est un défi majeur que d’améliorer la productivité agricole tout en adoptant de bonnes pratiques pour protéger l’environnement. Nous portons ce message partout dans le monde, mais nous le rappellerons encore plus souvent en cette année où la France accueille Paris Climat 2015.
 
L’agriculture familiale doit aussi relever le défi de la jeunesse des pays en développement. Pour la seule Afrique subsaharienne, 330 millions de jeunes entreront sur le marché de l’emploi dans les 15 prochaines années. Ce chiffre, considérable, est à mettre en perspective avec le contexte actuel dans les zones rurales, peu incitatif pour les jeunes : les conditions de travail et de vie sont peu favorables, l’accès à l’emploi, aux ressources productives et aux services de base y est plus difficile qu’ailleurs. La jeunesse rurale ne pourra rester, vivre et se développer dans ses territoires que si une plus grande attention est portée à l’amélioration des conditions de vie et à l’attractivité des territoires ruraux et la promotion active de l’insertion des jeunes, essentiellement dans les filières agricoles. L’agriculture familiale a une place centrale dans la réponse à ce défi.
 
Mais votre démarche est intéressante, au-delà de son objet lui-même, par  la méthode que vous avez choisie. Vous menez en effet ce combat en privilégiant une voie innovante qui vous permet d’intégrer cette agriculture familiale dans vos chaines de valeur et, ce faisant, de concilier pérennité économique et impact social et environnemental. Cette voie traduit dans les faits une nouvelle vision d’un développement durable, porté par tous les acteurs, y compris les entreprises, ou plus exactement certaines entreprises responsables et respectueuses des populations et des territoires.
 
Les entreprises présentes dans les pays en développement ou émergents se préoccupent de plus en plus de leur impact sociétal. En sus de leurs responsabilités sociales, de gouvernance, et environnementales, elles font, progressivement, évoluer leurs modèles économiques pour intégrer le développement durable dans leur cœur d’activité ; elles s’associent avec des ONG, des fondations, des collectivités locales, des organisations de producteurs, le monde de la recherche… qui leur apportent leur savoir-faire et leurs propres connaissances du terrain, pour améliorer la qualité de leur approvisionnement, pour produire proprement, sobrement et durablement, pour adapter leur offre aux besoins des populations ou des territoires, pour protéger les écosystèmes et autonomiser les populations.
 
Ces nouvelles formes de partenariats innovantes et créatives, dont ce fonds est un bel exemple, font converger les préoccupations économiques, sociales et environnementales, au service du développement durable de la planète. Nous devons les multiplier, pour changer d’échelle, pour partager largement ces expériences !
 
Ce modèle est une innovation sociale bien sûr, fondée sur des innovations technologiques, mais aussi sur des innovations financières, au cœur du dispositif, pour partager le risque, pour préfinancer, projet par projet, pour générer des revenus basés sur les résultats. Il faudra en partager les enseignements pour que d’autres vous suivent.
 
Nous travaillons dans ce sens. Comme vous le savez l’AFD s’apprête à lancer une Initiative d’appui au « social business », pour une première phase « pilote ». J’espère qu’elle pourra prochainement s’associer très concrètement à votre initiative. Les ambassades ont également, désormais, des ressources pour financer de petits projets pilote et innovants portés par des coalitions d’acteurs, qui auront ensuite vocation à changer d’échelle. Cela laisse augurer d’autres programmes et projets d’économie inclusive à déployer entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques et sociaux dans les domaines de l’énergie, de l’eau, de l’éducation, de la santé ou des services financiers.
 
Je souhaite, pour terminer, saluer les représentants des entreprises ici présentes, partenaires audacieux du premier fonds Livelihoods : Danone, mais aussi Schneider Electric, Crédit Agricole, Michelin, Hermès, SAP, CDC Climat, La Poste, Firmenich, Voyageurs du Monde pour dire combien cette mobilisation entrepreneuriale pour les enjeux de la planète, est un très grand atout pour la France. C’est pour nous un volet important de notre diplomatie économique, c’est un modèle dont nous pouvons être fiers et que nous soutenons dans notre diplomatie internationale.
 
Je vous souhaite le plein succès et j’appelle à d’autres initiatives car nous allons nous engager pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable post-2015, et à cet effet, la mobilisation la plus large est nécessaire.
 

 

«Les enjeux de développement dans les Suds » avec l'Agence nationale de la recherche

Au colloque sur les enjeux du développement des pays du SudAnnick Girardin, a ouvert ce matin un colloque organisé conjointement par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il vise à présenter les résultats des programmes de recherche lancés par l’ANR en 2010 sur des enjeux de développement dans les « Suds » et sera l’occasion d’initier un chantier sur le renforcement des liens entre recherche pour le développement et politique d’aide au développement.

 

Monsieur le Président Directeur Général de l’Agence Nationale de la Recherche,

Mesdames et messieurs,
 
Je voudrais tout d’abord vous souhaiter la bienvenue, à vous – représentants des institutions et organismes de recherche, représentants des ministères et acteurs du développement, français et étrangers – qui avez fait le déplacement pour contribuer aux débats de ce colloque, organisé conjointement par notre ministère et par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance à celles et ceux qui ont préparé et permis sa tenue.
 
Ce colloque s’ouvre à un moment particulier de notre histoire, marqué par les événements tragiques qui nous ont tous choqués la semaine dernière. La République a été mise à l’épreuve. Sachons réagir en partageant des valeurs fortes, celles de la République, des valeurs que la mobilisation exceptionnelle d’hier nous intime de porter haut. En premier lieu la liberté : la liberté de penser, la liberté de chercher, la liberté de débattre. Dans l’esprit des lumières, dont les principes nous guident dans cette épreuve, continuez d’éclairer les enjeux et les choix politiques, continuez de débattre librement, au service d’un monde plus juste, plus sûr, plus équitable.
 
L’ANR apporte résolument sa contribution au débat. Je souhaite tout particulièrement la féliciter pour avoir lancé deux appels à propositions sur « les Suds ». Nous suivons de près cette initiative. Vos discussions des deux prochains jours porteront sur la restitution des résultats de ces recherches, menées dans différents champs des sciences humaines et sociales.
 
Vous débattrez également des enseignements qui peuvent en être tirés pour les politiques publiques. Ces échanges seront l’occasion de s’interroger sur la manière de renforcer les liens entre recherche pour le développement et politique d’aide au développement. Cette question est essentielle, et je souhaite que nous y apportions des réponses concrètes cette année.
 
Mais avant que vous ne vous mettiez au travail, je souhaiterais partager avec vous quelques réflexions sur les points qui me paraissent importants pour cadrer les réflexions.  
 
En premier lieu, l’action extérieure de la France en faveur de la recherche pour le développement est indissociable de l’APD française. Elle représente environ 350M€ de dépenses annuelle pour l’Etat.
 
Elle est un formidable outil de partage des savoirs et contribue résolument, depuis de nombreuses années, et de mieux en mieux, à la construction et à la consolidation d’un espace Nord-Sud, mais aussi Sud-Sud de la recherche.
Car nous sommes des partenaires – j’insiste sur ce mot – de la recherche au Sud : il nous faut renforcer le partage des connaissances, l’apprentissage mutuel et la définition conjointe des sujets et des méthodes de recherche.  
 
La France s’est dotée, pour ce faire, d’opérateurs reconnus sur le plan international, disposant d’un vaste réseau au Sud et d’un savoir-faire original et renommé.
 
Je voudrais saisir ici l’occasion qui m’est offerte pour féliciter tous les chercheurs engagés dans ces activités scientifiques d’excellence. A chaque déplacement dans un pays du Sud, je reçois des compliments sur la recherche française au service du développement, qui est souvent citée en exemple parmi les différents volets de notre coopération. Ces compliments s’adressent naturellement à notre communauté scientifique dans son ensemble et je souhaite ici vous en remercier :
  •  l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), qui dispose de 27 représentations à travers le monde, co-publie près de 50% de sa production scientifique avec des auteurs du Sud, aussi souvent que possible en langue française. C’est important pour moi, vous vous en doutez. Bien sûr, je souhaite que nous puissions dès que possible désigner un nouveau président pour cet établissement prestigieux, afin de capitaliser sur le travail de Michel Laurent pour lui donner une nouvelle impulsion ;
  • le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique (CIRAD), engagé dans des « dispositifs de recherche et d’enseignement en partenariat » à l’étranger et impliqué dans plus de 100 pays ; Un accord-cadre entre l’AFD et le CIRAD sera signé, ici-même, demain, qui montre l’exemple à suivre en termes de coopération ;
  • le réseau international des 32 Instituts Pasteur, qui joue un rôle majeur de recherche, de formation et de santé publique là où ces instituts sont établis – dont j’ai pu mesurer le rayonnement international dans le contexte de la lutte contre l’épidémie d’Ebola ;
  • les 27 Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE), qui contribuent à la fois à une coopération scientifique d’excellence, aux débats d’idées et à la transmission des savoirs aux niveaux local et régional ;
  • au-delà, environ 200 personnes, présentes dans nos ambassades et nos consulats, mènent des actions de soutien à notre coopération scientifique ;
  • le ministère finance ou co-finance des partenariats scientifiques, qui contribuent à l’amorçage de coopérations solides et durables et à la mobilité des chercheurs, principalement celle des plus jeunes ;
  • n’oublions pas les laboratoires de recherche qui, dans nos universités, consacrent de nombreux moyens à la recherche pour le développement ;
  • et n’oublions pas le Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP), qui finance à hauteur de 4 M€ actuellement, des projets de recherche au Sud.
 
Mesdames et messieurs,
 
Vous le constatez donc avec moi : nous disposons d’une capacité (unique au monde) et d’une qualité exceptionnelle de recherche au Sud, que l’Etat appuie par des outils et des moyens appropriés. Mais nous devons et nous pouvons faire mieux encore.
 
Nos politiques d’aide au développement ont beaucoup à gagner d’une meilleure articulation avec la recherche à plusieurs titres :
      par la connaissance, les éclairages et l’innovation que cette dernière apporte aux politiques ;
      par la formation des chercheurs du sud qu’elle permet ;
      par les échanges féconds qui se développent dans ce cadre entre chercheurs du nord et du sud.
 
Il faut bâtir davantage de ponts entre les chercheurs, les décideurs publics et les acteurs du développement. 
 
Nous devons rassembler nos forces à l’aube d’une année 2015 très dense :
 
2015 sera une «année climat» : il faut parvenir à un accord qui engage la communauté internationale pour des décennies. Ce sera l’occasion de définir de nouveaux modèles de développement, porteurs de croissance et d’emplois.
 
Il y aura de multiples échéances et nous devrons écouter toutes les parties prenantes, tous les acteurs : les États, mais aussi les régions, les villes, les entreprises, la société civile et, naturellement, la communauté scientifique.
 
Les travaux scientifiques que vos organismes produisent sur le dérèglement climatique et sur les problématiques qui y sont liées dans les pays du Sud sont sources de solutions et d’innovation. Nous en avons besoin, en particulier sur l’Afrique, sur les Etats fragiles, sur les petits états insulaires … Ce champ m’a été confié par Laurent Fabius. Je compte sur vous m’aider à le porter.
 
Autre enjeu global, un nouvel agenda du développement durable sera adopté au Sommet de New York à l’automne prochain. Il conviendra de veiller à ce que le dispositif français de recherche favorise, par l’interdisciplinarité, l’émergence de solutions concrètes.
 
Mais les priorités que je nous ai fixées ne s’arrêtent pas à cet agenda international. Je souhaite que nous mettions la jeunesse au cœur de nos priorités et que nous misions davantage sur l’innovation pour faire de notre
aide un levier d’initiatives qui changent la donne au Sud.
 
Ce dernier enjeu est essentiel. C’est par des innovations et des manières d’aider plus innovantes, ouvertes à des acteurs de divers horizons, qu’il sera possible de mieux répondre aux attentes, d’utiliser nos ressources plus efficacement. La recherche française doit contribuer à produire des innovations qui soient massivement applicables et durables pour le sud, en particulier pour répondre aux besoins des populations les plus pauvres. La valorisation des innovations et des initiatives locales, et l’aide à la diffusion et à la reconnaissance internationale des produits de ces activités sont essentiels pour le développement durable.
 
Quant à la priorité « jeunesse », elle doit orienter autant que possible vos recherches. Les jeunes de 15 à 24 ans à 90% dans les pays en développement ou émergents. Ils devraient être 1,5 milliard en 2035. Cette jeunesse en croissance constante constitue à la fois une opportunité formidable pour le Sud et un risque explosif, si nous ne lui donnons pas les moyens de s’insérer dignement dans la société. Il est plus que jamais nécessaire de cerner les contours de cette population, d’en discerner les dynamiques. Aidez-nous à transformer cette priorité en objectifs ambitieux et réalistes.
  
 
Les travaux scientifiques qui seront présentés au cours de ce colloque me semblent particulièrement pertinents pour éclairer notre politique de développement :
i)            la construction des savoirs liés aux migrations ;
ii)          les enjeux de gouvernance et de régulation dans les pays du Sud ;
iii)         la pluralité des modèles de développement ;
iv)        les enjeux de santé et de protection sociale ;
v)          la transformation de la place des femmes au Sud.
 
Sommes-nous assez coordonnés entre nous tous sur ces sujets et sur d’autres, qui sont prioritaires ? Les chercheurs prennent-ils toute la mesure des enjeux politiques liés à ces thèmes et les intègrent-ils suffisamment dans leur réflexion scientifique ? Les décideurs politiques parviennent-il à tirer toute la substance proposée par la recherche ?
 
Poser ces questions, c’est déjà y apporter une forme de réponse. Mon message est simple : nous ne nous rapprocherons jamais assez, nous ne travaillerons jamais suffisamment ensemble ! Il faut donc poursuivre, plus que jamais, dans cette voie du rapprochement, du dialogue et de l’écoute mutuelles.
 
 
Mon souhait est que vous puissiez parvenir à une feuille de route et que nous nous fixions une année pour avancer dans sa mise en œuvre.
 
Je demande donc à la Direction Générale de la Mondialisation, du Développement et des Partenariats du ministère de piloter cet exercice avec le ministère chargé de la recherche et de finaliser avec vous un document qui puisse être utilisé comme référence pour l’action des organismes de recherche comme des services de l’Etat.
 
Et je souhaite que nous nous retrouvions dans un an, afin de dresser un premier bilan des recommandations qui auront émané de vos travaux.
 
Je vous renouvelle tous mes remerciements pour votre présence aujourd’hui et pour votre engagement, je souhaite le meilleur succès à ce colloque et vous invite à continuer à chercher librement et à contre-courant, car c’est ainsi, et pas autrement, que nous trouverons, avec vous, le bon chemin …