En Arménie, dernier pays à avoir adhéré à l'OIF (2/2)

Annick Girardin a conclu son déplacement de deux jours en Arménie par des entretiens avec Serge Sarkissian, Président de la République, et avec les ministres des Affaires Étrangères et de l’Éducation. Ces rencontres ont permis de faire avancer plusieurs projets franco-arméniens liés à la francophonie culturelle et à la francophonie économique.

En marge du déplacement, la secrétaire d’État a déposé une gerbe au mémorial du génocide arménien. Interrogée par les media arméniens, elle a rappelé que :

face à la barbarie dont les nationalismes sont capables, nous ne devons jamais cesser de promouvoir la paix et le dialogue entre les cultures.

En Arménie, dernier pays à avoir adhéré à l'OIF (1/2)

Sortie de l'Ambassade d'ArménieAnnick Girardin est depuis ce matin et jusqu’à demain en visite officielle à Erevan.

L’Arménie est un pays de tradition francophile où la francophonie est largement identifiée à la France, au regard de nos relations historiques et de l’importance de la diaspora d’origine arménienne en France.

Membre à part entière de l’Organisation Internationale de la Francophonie depuis 2012, l’Arménie a réaffirmé récemment son attachement  à la francophonie en accueillant la 31ème conférence des ministres de la Francophonie à Erevan les 10 et 11 octobre 2015.

Invitée à l’Alliance française et à l’Université française en Arménie, la Secrétaire d’État a tenu un discours sur les perspectives de l’enseignement et de la diffusion du français :

Avec des personnalités francophones du monde culturel arménien

Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,
 
L’Université française en Arménie est devenue depuis une décennie une étape inévitable pour un visiteur en Arménie. Le Président de la République française, François Hollande, était d’ailleurs ici le 24 avril dernier pour un échange avec ses étudiants. C’est donc pour moi tout à la fois un grand honneur mais aussi une véritable joie d’être parmi vous aujourd’hui, et de pouvoir m’exprimer devant autant de jeunes qui ont choisi de suivre des études dans cette langue que nous avons en partage, le français, et de poursuivre leur formation supérieure à l’UFAR, dans cette institution de référence par la qualité de ses enseignements et de ses diplômes français et arméniens.
 
Depuis longtemps, bien avant le drame du génocide, nos deux pays, nos deux peuples, ont mêlé leurs destins. Et aujourd’hui, vous êtes, l’incarnation du lien fort qui existe entre nos deux pays, fait d’amitié, d’admiration, et de confiance.
 
Or, à l’heure des défis globaux qu’il nous faut relever (migration, lutte contre le terrorisme, menace de récession économique, réchauffement climatique), nous devons nous unir plus que jamais au sein d’espaces de solidarité privilégiée, autour de valeurs communes, de valeurs universelles, qui fondent notre humanité : fraternité / solidarité, ouverture, écoute, dialogue, plaisir d’être ensemble, différents.
La Francophonie est un de ces espaces de solidarité privilégiée qu’il faut enrichir sans cesse avec des idées neuves en se tournant prioritairement vers vous, la jeunesse francophone en attente de solutions mais aussi porteuse de renouveau : voici une des ambitions que je soutiens avec force en tant que Secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie pour tous les pays qui ont la langue française en partage.
 
Cet espace francophone comme lieu de solidarité privilégiée, il est d’abord géographique. En effet, pris dans sa seule dimension Europe-Afrique, c’est trois fois la superficie de l’UE : de la Belgique au sud-est de la RDC en passant par Erevan, on est, dans tous ces territoires, capable de s’exprimer en français !
 
Mais la francophonie, ce n’est pas qu’un espace géographique, c’est aussi un espace culturel avec comme doctrine la défense du plurilinguisme.
Plurilinguisme que vous connaissez bien puisque vous aussi vous évoluez dans un contexte où cohabitent votre langue, l’arménien, mais aussi l’importance non négligeable de la langue russe, héritée de l’histoire, et où la place de l’anglais croit de jour en jour. Dans cette dynamique, le français a toute sa place, et la cohabitation de toutes ces langues est, et doit être, conçue comme un enrichissement et une chance à saisir.
 
La  francophonie, c’est aussi un espace de  dialogues avec la diversité du monde : dépasser les clivages classiques Est-Ouest ; considérer l’égale importance et dignité de toutes les cultures sans domination de l’anglais ou d’une autre langue.
 
Cet espace francophone est enfin un écosystème qu’il faut développer en vue d’un  développement durable, et en faveur de entrepreneuriat et l’emploi pour les jeunes et les femmes :
  • Le français est la 3ème langue des affaires : pas uniquement langue littéraire ou diplomatique, mais langue d’innovation, de développement au sens large (économique, social), du numérique dans un monde toujours plus dématérialisé et connecté.
  • le français met les gens en réseau, renforce les liens au sein d’un espace économique décomplexé, où l’esprit d’entreprendre se décline avec fierté et conviction en français. C’est toute l’idée d’une « francophonie économique » : celle de développer un système capable de répondre de manière pragmatique aux attentes et besoins de la jeunesse. C’est un vaste chantier, ambitieux mais possible pour les francophones des 5  continents et ses entrepreneurs innovants !
Mon engagement dans la défense et la valorisation de cette francophonie, il est ancien, personnel avant d’être professionnel
 
Issue d’un territoire d’outre-mer entouré d’Américains et de Canadiens anglophones, je sais ce que c’est que de lutter pour sa langue !
De mon expérience de ‘francophone nord-américaine’, je tire les enseignements suivants sur la francophonie :
  • Ce n’est pas que la France : Les français sont statistiquement minoritaires dans la famille francophone (un quart)
  • Ce n’est plus la Françafrique, avec d’un côté une France réputée dirigeante et arrogante et de l’autre des populations d’autres espaces périphériques francophones subissant une ‘’langue française tueuse de leurs langues nationales’’. Comme le disait un ancien premier ministre haïtien, « Nous ne sommes pas locataires de la langue française, nous en sommes les copropriétaires »
  • C’est l’Afrique, bien évidemment, mais également,
  • Les Amériques, avec plus de 33 millions de locuteurs avec un véritable réseau des villes francophones et francophiles
  • L’Asie, le Pacifique,
  • L’Europe et le Caucase: amis belges, suisses, arméniens… mais également 15 millions de locuteurs français en Allemagne…
 C’est des centaines de « cœur », dont celui de la France, chacun possédant un rythme différent. Plus qu’un cercle avec un centre, c’est un espace avec des centres partout
 Un de ces centres, un de ces cœurs, est l’Arménie.
 
 L’Arménie est depuis toujours très francophile et particulièrement attachée à la langue française et à sa culture.  Depuis le Sommet de Kinshasa (octobre 2012), une étape a été franchie avec son adhésion à l’OIF et la signature à cette date d’un « Pacte linguistique » qui marque sa volonté d’approfondir son inscription dans la communauté internationale francophone en développant la place du français dans l’enseignement, en favorisant l’accès aux produits culturels francophones, en encourageant l’usage du français dans les administrations et dans les relations économiques (tourisme).
 
En 2016, en Arménie, on compte désormais d’environ 40 000 élèves et étudiants de français, chiffre en augmentation de 14,3% depuis 2012 ce qui montre l’engouement des arméniens pour la langue française :
  • l’école française en Arménie est de plus en plus fréquentée, par quelques jeunes Français bien sûr, mais surtout par de jeunes Arméniens, qui deviendront bientôt vos successeurs sur ces bancs
  • 5 écoles dispensent des cours de français renforcé avec trois heures de français supplémentaire par semaine dont bénéficient plus de 400 élèves
  • le lycée franco-arménien 119, s’il doit encore se développer, délivrera cette année pour la première fois des diplômes avec mention « bilingue francophone », facilitant la poursuite d’études universitaires en France ou ici, à l’UFAR.
Enfin, Erevan a accueilli, en octobre 2015, le Conseil permanent de la Francophonie et la 31ème Conférence ministérielle de la Francophonie, preuve de son engagement francophone en matière de relations internationales et de l’importance de la francophonie comme lieu de dialogue politique pour l’Arménie.
Un environnement favorable à la francophonie, avec un pacte qui a permis d’accroitre la mobilisation du pays en faveur de la langue française donc où, néanmoins, des défis sont encore à relever pour réaffirmer les orientations, la visibilité  et les priorités d’une francophonie dynamique en Arménie.
 
Sont attendus  ainsi des engagements plus importants en faveur du français dans les programmes scolaires et la mise en place d’une politique éducative et linguistique pro-francophone menée par le ministère de l’éducation arménien, un soutien à la continuité et au développement des filières de français renforcé et de la filière bilingue, mais aussi le suivi de dossiers comme l’intégration de TV5 Monde à la TNT arménienne afin d’offrir une intéressante opportunité sur le plan pédagogique pour la diffusion de la langue française dans le pays.
 
Tous ces enjeux que l’Arménie va devoir encore relever ne doivent pas faire oublier l’intérêt réel pour le français qui existe chez les jeunes arméniens et l’attractivité que l’UFAR représente en tant qu’institution synonyme de réussite et d’excellence.
 
Avec  1 200 étudiants inscrits à la rentrée 2015, il y a près de 20 % de plus d’étudiants à l’UFAR que l’année passée. Offrant un enseignement d’excellence dans les domaines du droit, de la gestion, de la finance et du marketing, l’UFAR est aussi un modèle de gouvernance universitaire et d’éducation aux valeurs européennes et francophones.
Vous évoluez ici dans un environnement ouvert sur le monde et les autres, où la langue française et sa culture rayonnent et où la francophonie est belle et bien concrète puisque c’est vous qui portez haut ses couleurs.
 
Et les résultats sont là : tous ceux qui en sortent occupent rapidement des positions à responsabilité en Arménie notamment au sein d’entreprises françaises, les diplômes français (diplôme de licence ou de master délivrés par l’Université de Lyon 3) et arméniens obtenus étant reconnus comme gage de qualité. Le taux d’insertion professionnelle avoisinant les 80 % par promotion, l’UFAR est la preuve indiscutable de l’apport de la francophonie dans la zone du Caucase et explique le projet en cours d’une ouverture accrue dans la région en direction d’étudiants géorgiens, iraniens, voire russes.
Membre titulaire de l’Agence universitaire de la Francophonie, depuis le 15 mai 2006, comme 5 autres universités arméniennes, l’Université française en Arménie, coopère notamment depuis plusieurs années avec l’Agence pour le financement de mobilités enseignantes dans le cadre de son partenariat avec Lyon 3 pour une meilleure formation de ses enseignants.
Elle abrite et orchestre également la chaire Senghor d’Arménie depuis 4 ans, et a récemment choisi de la spécialiser dans le droit, ce dont je la félicite. En effet, que la chaire Senghor puisse mobiliser aujourd’hui des experts venus de Géorgie, d’Arménie et de France sur des thématiques d’actualité juridique – hier sur la gestation pour autrui (GPA) et en avril prochain sur la gouvernance des entreprises – est déjà un premier très grand succès qui témoigne de l’importance de la francophonie utile, celle qui répond aux attentes et aux besoins des pays qui relaient la francophonie.
Je tiens donc à vous saluer futurs diplômés de l’UFAR qui vous trouvez devant moi : vous êtes une fierté et une chance pour la France comme pour l’Arménie.
Vous incarnez la vitalité de leur relation et la confiance dans leur avenir et votre attachement à la langue française vous inscrit même au-delà de cette relation privilégiée, au sein d’un espace francophone multiple et divers.
Vous voyant si nombreux aujourd’hui, j’en ai la conviction cet attachement et ce lien si précieux entre l’Arménie et la francophonie durera encore longtemps.
 
Je vous remercie de votre attention. 

Remise des insignes de Commandeur de l’Ordre du Mérite agricole à Fabienne Thibeault

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Dicours de remise des insignes de Commandeur de l’Ordre du Mérite agricole à Fabienne Thibeault

 
Chère Fabienne,
Je suis très heureuse de vous accueillir ici, sur le site de Convention, au milieu de ceux qui vous sont chers, pour cette remise de décoration de Commandeur dans l’ordre du Mérite agricole.
Française d’Amérique du Nord, je vous connaissais bien avant votre succès en Europe. Voisine du même espace géographique francophone, je vous écoutais depuis Saint-Pierre-et-Miquelon, et j’ai plaisir à nous savoir réunies aujourd’hui.
Fabienne Thibeault, vous êtes une chanteuse engagée. Et, pour paraphraser Joséphine, vous avez deux amours ; la chanson et l’agriculture. Mais c’est à votre engagement « agricole » que nous allons nous intéresser aujourd’hui.
Je ne reviendrai donc pas sur votre carrière de chanteuse que nous avons découverte en Europe au moment de la création de Starmania
où vous incarniez « Marie-Jeanne », la serveuse automate.
Permettez-moi toutefois, en ma qualité de Secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, de vous dire combien je me réjouis chaque fois que perdurent dans l’espace francophone, au sein des nouvelles générations, des chansons qui ont marqué l’histoire de la musique. Sachez, chère Fabienne, que ce classique de la chanson populaire « Un garçon pas comme les autres » est toujours très en vogue. On me dit même qu’en Haïti, il a récemment connu une deuxième fortune sur les réseaux sociaux. On vous en dira plus après…
Mais revenons « à nos moutons », si vous le voulez bien.
Depuis de longues années, vous vous intéressez « à cette France agricole et ses terroirs uniques au monde » en mettant votre notoriété et votre créativité au service des filières agricoles qualitatives, de la valorisation et la sauvegarde de races agricoles et, le tout, dans une perspective de durabilité. Vous êtes de tous les combats pour défendre la vache vosgienne, les vins de Givry, le cheval percheron ou le cochon cul noir du Limousin… Je ne les citerai pas tous ici !
Vous vous décrivez comme « Fabienne Thibeault, l’agriculturelle ». « L’enfance est le négatif de l’existence », disait André Gide. Très proche de vos grands parents cultivateurs, vous avez été baignée très jeune par les valeurs de travail et d’attachement à la terre, à cette terre charlevoisienne, majestueuse mais exigeante dans ce Québec au climat rigoureux.
Descendante de Normands et de Charentais, la mémoire du pays d’origine reste une valeur inscrite dans l’ADN de votre famille.
Vous avez donc eu à cœur de développer toute une série de supports pédagogiques et de spectacles afin de faire connaitre nos terroirs, leur histoire et leurs enjeux pour l’avenir. Vous avez écrit une comédie musicale intitulée « Notre terre », dans lequel vous mettez en avant nos terroirs et leurs produits. Votre mariage a d’ailleurs été l’occasion de mettre l’accent sur ces produits et a réservé une place d’honneur aux saveurs du Périgord.
En 2007, vous prenez en main le dossier de la race bovine canadienne afin d’en permettre la réintroduction dans le territoire de Charlevoix. Ce bovin, inscrit au livre des races françaises, avait quitté la France au XVIIème siècle pour la Nouvelle France.
Grâce à votre acharnement, vous avez réussi, avec l’aide de différents partenaires français, à doter le plan génétique de moyens ; le Québec, a d’ailleurs depuis rejoint ce plan.
Avec Claudy Lebreton, vous avez organisé un pôle de races bretonnes (dont la Froment du Léon) ainsi que la visite d’une délégation du Québec aux Terralies de 2012 à Saint Brieuc, ce qui a permis d’ancrer la légitimité de ce projet et d’en élargir le périmètre d’action.
 
Chère Fabienne,
Une chose saute aux yeux lorsqu’on se penche sur votre parcours de vie : vous avez une foi chevillée au corps, celle en la francophonie dans toutes ses dimensions.
Que ce soit en votre qualité de chanteuse, car vous restez une icône de la francophonie culturelle ; ou que ce soit en votre qualité d’Ambassadrice avant l’heure de la francophonie économique, qui s’est exprimée dans votre passion de longue date pour le terroir français et ses nombreux produits, il est tout à fait légitime que vous soyez aujourd’hui mise à l’honneur, ici, au Secrétariat d’Etat à la francophonie.
Car la francophonie peut être bien plus concrète qu’elle ne l’a été.
Il y a comme on dit un ‘frémissement’ depuis quelques temps autour de cette notion de francophonie économique. Certains comme vous l’avaient avant l’heure en leur cœur de cible. Aujourd’hui, les horizons se précisent, le concept s’affine. Il y a eu le rapport de Jacques Attali en 2014 sur « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable ». Nous avons eu deux grands rendez-vous sur ce sujet, un premier Forum à la marge du Sommet de Dakar en 2014, et un second cette année, ici même en octobre dernier. La nature transversale de la Francophonie économique y a été bien illustrée par la diversité des thèmes traités: entreprenariat, éducation, agriculture, médias, culture, climat, ville durable.
Face aux défis de notre temps, face aux crises trop nombreuses, politiques, économiques, migratoires, face à la violence qui se déchaîne et qui n’a pas épargné l’espace francophone, réinvestir ce dernier avec des idées neuves en se tournant prioritairement vers la jeunesse en attente de solutions, voilà l’ambition que nous nous devons d’avoir en partage. C’est toute l’idée de la ‘francophonie économique’ : celle de développer tout un écosystème capable de répondre de manière pragmatique aux attentes de notre jeunesse, au Nord comme au Sud.
C’est un vaste chantier, ambitieux, adapté à la jeunesse francophone des cinq continents, aux entrepreneurs innovants ; mais il est prometteur, surtout si comme vous, Chère Fabienne, on y croit !
Il met en avant les atouts que nous avons en partage : cette langue que nous aimons tant, que vous avez si bien servie ; des valeurs, avec au premier chef ce ‘culte’ pour l’humain, pour son travail qu’il nous faut respecter quand il est synonyme d’excellence. La Francophonie économique se développera naturellement si elle est ressentie comme un atout pour ceux qui la vivent. Le dynamisme est au rendez-vous : je le constate à chacun de mes déplacements dans l’espace francophone. Notre jeune génération est connectée, elle fourmille d’idées et de projets, comme nous avons pu le constater à travers ceux des lauréats du concours « La France s’engage au Sud ».
Chère Fabienne,
C’est pour ce beau parcours de défense des terroirs et des races qui sont l’emblème et la richesse de l’agriculture française, que la République vous a élevé au grade de commandeur du Mérite agricole le 21 juillet 2014. C’est pour ce parcours francophone si riche et diversifié que j’ai accepté de vous remettre aujourd’hui vos insignes.
« Fabienne THIBEAULT, au nom du Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, nous vous faisons COMMANDEUR du Mérite agricole »

Remise de la légion d'honneur à Lise Kleinebreil

Annick Girardin a remis ce soir la Légion d’Honneur à Line Kleinebreil, vice-Présidente de l’Université Numérique Francophone Mondiale. Dans son discours, la secrétaire d’État n’a pas manqué de rappeler l’engagement de la Docteur et Ingénieure au service des malades atteint par le virus Ebola.

Décoration de Lise Kleinebreil
©FdeLaMure.MAEDI

Docteur Line KLEINEBREIL,
 
Il n’est pas facile de résumer en quelques phrases le parcours d’une vie comme la vôtre, qui fut – et reste – très riche en expériences et en rencontres. Cette vie fut placée sous le signe de la constance et de l’innovation, qui sont chez vous des notions complémentaires.
Constance dans votre vocation première, celle de transmettre, d’enseigner, héritée de vos quatre grands-parents, instituteurs, et de vos deux parents, professeurs de lycée. C’est dire si vous avez dès le berceau baigné dans les valeurs républicaines et laïques, incarnées notamment par votre grand-père Augustin Maurellet, résistant de la première heure, devenu député socialiste de Charente à la Libération.
Aînée de trois enfants, vous suivez la tradition familiale et, après un bac « Mathélem » et un CAPES de mathématique, vous commencez à enseigner cette discipline au sein du lycée – en construction – d’une ville elle-même en train de sortir de terre, Sarcelles.
 
Nous sommes au milieu des années Soixante, et vous avez, parmi vos élèves, de nombreux jeunes rapatriés d’Algérie, un peu perdus dans leur nouvel environnement. Comme eux, vous avez pris racine dans cette ville, au point d’y vivre toujours aujourd’hui.
Arrive mai 68. On réinvente, notamment, la pédagogie. C’est alors que commence à s’illustrer le deuxième trait de caractère que je mentionnais : votre goût de l’innovation. Vos méthodes d’enseignement novatrices des maths donnant des résultats, vous devenez bientôt conseillère pédagogique et partagez avec le reste du lycée et de l’académie votre expérience.
En parallèle, vous reprenez des études, à la faculté de médecine. Huit années jusqu’au doctorat, tout en travaillant à mi-temps au lycée et en élevant le jeune Florence, que je salue avec toute l’amitié que je lui porte.
Votre thèse porte sur la gestion informatisée du dossier médical, à une époque où l’informatique en est encore à ses balbutiements. Vous concevez ainsi, avec l’aide d’un ingénieur du CNRS, le premier dossier électronique introduit à l’Assistance Publique-hôpitaux de Paris.
 
Ayant quitté l’éducation nationale en 1982 pour ouvrir votre cabinet de généraliste à Pierrefitte, en Seine Saint-Denis, vous poursuivez néanmoins une double vie professionnelle en continuant à faire évoluer le système de gestion des dossiers de patients développé pendant vos études. Vous élaborez aussi des logiciels pour éduquer les patients diabétiques, former le personnel de santé, gérer la continuité des soins.
Quand on voit la place qu’a pris aujourd’hui le numérique dans le domaine de la santé, on peut dire que vous avez été une véritable pionnière.
Votre compétence reconnue vous conduira à occuper des responsabilités dans des programmes européens et internationaux, notamment dans le cadre de l’OMS, toujours sur les maladies chroniques et particulièrement le diabète.
Néanmoins, pour garder le contact avec les patients, vous avez conservé jusqu’à votre retraite un poste de médecin généraliste à temps partiel dans un centre de consultation mutualiste à Paris.
Votre dernier poste à l’APHP, au sein de l’équipe d’informatique médicale de l’hôpital européen Georges Pompidou, ouvrira une nouvelle page de votre action, centrée sur la télémédecine et la formation à distance. C’est dans ce dernier domaine que vous continuez d’être engagée, désormais bénévolement.
Dans le cadre de l’université numérique francophone mondiale (UNFM), dont vous êtes vice-présidente, vous avez développé des formations continues innovantes à destination des professionnels de santé exerçant dans les pays en développement, particulièrement les pays africains. Elles ont la particularité de fonctionner dans le sens nord-sud mais surtout sud-sud, ce qui est remarquable.
Je souhaite ici mentionner en particulier votre initiative remarquable de formation en ligne pour contribuer à la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Vous avez su mobiliser, en urgence, des professionnels du Sud et du Nord pour partager les connaissances sur ce virus sur lequel nous savons si peu de choses encore. Encore bravo pour cela..
Votre aventure technologique et pédagogique la plus récente porte sur l’utilisation du téléphone portable pour la prévention et la prise en charge des maladies chroniques. Vous êtes dans ce cadre spécialement impliquée au Sénégal, avec le programme mDiabète, et cette action est particulièrement appréciée des associations luttant contre cette pathologie qui continue, hélas, de faire des ravages.
 
Quel sera votre prochain défi ? Je ne doute pas qu’il soit déjà en germe dans un recoin de votre esprit, ou dans celui d’autres personnes qui pensent déjà à vous pour le concrétiser.
Vous avez déjà accompli beaucoup et notre République vous marque aujourd’hui sa reconnaissance.
Madame Line KLEINEBREIL, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’Honneur.

Déplacement au Gabon : forêt, climat, francophonie

La secrétaire d’Etat s’est rendue hier et aujourd’hui au Gabon. Aux côtés de Ségolène Royal, elle fait sur le terrain le point sur la lutte contre la déforestation dans le Bassin du Congo et a inauguré le centre de réception satellitaire du Gabon, crucial contre la dans cette lutte et conçu en partenariat avec des acteurs français comme l’IRD et le CNES.

Au New York Forum Africa, elle s’est exprimé sur la lutte contre le réchauffement climatique et l’avenir de l’Afrique et de la francophonie et a rencontré des chefs d’entreprises français qui investissent sur ce continent pour parler RSE et formation des jeunes.

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initiatives pour le Développement numérique de l'espace universitaire francophone, iDneuf

Annick Girardin a lancé hier avec Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la première réunion des ministres francophones de l’enseignement supérieur pour le développement de l’espace numérique francophone. Cette rencontre a permis de dresser l’état des lieux des ressources numériques dans l’espace universitaire francophone, d’évoquer les besoins et le rôle des universités et de réfléchir à une meilleure mutualisation des ressources existantes. Les ministres ont adopté une déclaration commune annonçant des mesures à cette fin.

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Une quarantaine de délégations et trente-trois ministres francophones de l’enseignement supérieur ont participé aux débats. Ces derniers se sont déroulés au centre de conférences ministériel du ministère des affaires étrangères et du développement international, en présence de représentants de l’organisation internationale de la Francophonie et de l’agence universitaire de la Francophonie, après un discours de la secrétaire d’Etat :

Madame la Ministre, chère Najat,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,
 
Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui au Ministère des affaires étrangères et du développement international. Nous sommes réunis dans le but de contribuer à relever ensemble un défi majeur : le développement du numérique dans l’espace universitaire francophone. Cet espace doit reposer sur l’une des principales forces que nous avons en partage : la langue française. Avec aujourd’hui 275 millions de locuteurs dans le monde, nous pourrions, si les prévisions des démographes s’avèrent exactes, être 750 millions de francophones d’ici à 2050. Ces projections ne doivent pas masquer le fait que notre langue et nos cultures ne seront partagées par le plus grand nombre – y compris dans des pays « dits francophones » – que si nous sommes en mesure de les rendre accessibles. Le déploiement des technologies numériques peut nous y aider, sans pour autant remplacer les autres outils de transmission de la langue et du savoir.
Investir dans le développement d’un enseignement supérieur d’excellence, porté notamment par l’outil numérique, représente une opportunité formidable de développement socio-économique pour l’ensemble de notre espace francophone, pour le rayonnement de sa diversité culturelle comme pour sa compétitivité économique.
Le numérique est aujourd’hui présent dans tous les domaines de notre vie quotidienne. Et il est tout à fait naturel que les modes de transmission du savoir et que nos systèmes de formation soient bouleversés par les avancées qu’apporte le numérique. Or, paradoxalement, ce sont peut-être nos systèmes d’enseignement  qui, pour l’instant, ont le moins rapidement intégré cet outil dans leur manière de fonctionner, leurs investissements, leurs dispositifs.
 
Les enjeux d’accès aux savoirs dans les pays francophones, notamment dans les pays émergents ou en voie de développement,  constituent autant de défis à relever.
J’en citerai quelques-uns :
  • Le défi de l’accroissement du nombre d’élèves potentiels, notamment sur le continent africain. Le pourcentage de la population qui a accès à l’enseignement supérieur y est actuellement relativement faible, de l’ordre de 7%. Il va fortement augmenter dans les prochaines années, en pourcentage et en valeur absolue. Dans certains pays, on assiste actuellement à une augmentation de la population étudiante de 15% par an, ce qui implique un renforcement inédit des capacités de l’infrastructure d’enseignement supérieur ;
  • Le défi du développement des infrastructures numériques, de manière à soutenir des formations supérieures accessibles au plus grand nombre – cela nécessite un accès fiable à l’énergie électrique, qui reste un problème dans de trop nombreux pays ;
  • Le défi  des contenus des formations, qui doivent être adaptés aux besoins de nos économies et à même de permettre l’insertion professionnelle de nos jeunes diplômés afin de les conduire vers l’emploi ;
  • Le défi, enfin, de l’humain. C’est un bouleversement pour l’apprenant d’être placé au centre d’une « pédagogie inversée », où les élèves commencent à se former avant de développer les interactions avec les enseignants. Et c’est un bouleversement pour les enseignants d’être moins des formateurs que des animateurs, des entraineurs, des « coaches » pourrait-on dire en bon français.
Nous avons tous conscience, ici, de ces défis : ils feront l’objet, aujourd’hui, d’une réflexion particulière dans chacun des quatre groupes de travail.
 
Je suis pour ma part convaincue que notre volonté politique nous permettra de les surmonter en nous appuyant sur les opportunités offertes aujourd’hui par le développement du numérique.
Le secteur des technologies numériques connaît globalement une très forte croissance. Il investit aujourd’hui tous les domaines, y compris celui du développement et de la francophonie. J’aurai d’ailleurs le plaisir d’accueillir ici-même le mois prochain avec Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, une réunion autour d’entreprises innovantes impliquées dans ces deux domaines.
Je suis fière que mon ministère soutienne des « fablabs » ou « laboratoires de fabrication » africains ou promeuve la diffusion de l’enseignement de la programmation informatique.
La France soutient aussi de nombreuses initiatives structurantes à travers des institutions multilatérales telles que la Banque Mondiale et son Université virtuelle africaine, l’UNESCO et son programme de renforcement des capacités des universités par le numérique, la Banque africaine de développement qui finance la création d’universités numériques, et bien évidemment les très nombreux projets de l’Agence universitaire de la francophonie, dont je salue l’engagement dans la préparation de cette journée.
 
Fort de ces constats, il nous faut, à mon sens, unir et concentrer nos efforts dans le sens d’une mutualisation des services et des ressources, afin de de  diminuer les coûts et de stimuler une offre de de qualité.
Nous devons innover dans les méthodes pédagogiques et former les enseignants, sachant qu’environ un tiers d’entre eux partiront à la retraite dans les six prochaines années, remplacés par de jeunes enseignants qui pourront intégrer dès le départ dans leur pédagogie les avantages liés à l’enseignement numérique.
Nous devons aussi saisir l’opportunité de ce chantier en développement pour nous interroger sur l’adéquation des contenus des formations aux réalités du marché du travail : il ne s’agit pas de plaquer le numérique sur des filières ou des pédagogies existantes et parfois vieillissantes, mais bien de valoriser de nouvelles filières de formation favorisant l’insertion professionnelle des jeunes.
Pour cela, la question de la certification et de la valorisation des diplômes préparés en ligne dans l’espace francophone est clairement à l’ordre du jour. Car nous ne devons pas nous leurrer : l’enseignement supérieur est aujourd’hui, à l’échelon mondial, un véritable marché, compétitif. Si les acteurs francophones que nous sommes ne prennent pas à temps le train de la modernisation, en particulier par le numérique, ils seront supplantés par d’autres.
 
Votre présence aujourd’hui illustre notre volonté de développer sur tous ces sujets une coopération étroite entre francophones. Les réseaux qui nous unissent sont multiples et très concrets. Et j’aime quand la francophonie peut prendre ce visage concret. Ces réseaux devraient nous permettre de dessiner ensemble un nouveau paysage de l’enseignement supérieur, fait de nouvelles formes de pédagogie, impliquant nos gouvernements comme nos établissements d’enseignement supérieur, personnels enseignants et administratifs, étudiants et professionnels désireux de continuer à se former.
Notre objectif commun est bien de permettre aux jeunesses du Nord comme du Sud, dont j’ai fait ma priorité, d’être mieux armées à la fois pour être des citoyens, mais aussi pour trouver leur place sur le marché du travail et participer au développement économique de nos pays. C’est en mettant en commun nos énergies en faveur de la mise en place d’un grand espace unifié francophone de l’enseignement supérieur numérique que nous contribuerons à la diffusion et au partage des savoirs et de nos valeurs, qui sont notre bien commun.
Je terminerai en mentionnant Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche jusqu’en mars dernier, qui a porté ce projet de réunion ministérielle aujourd’hui devenu réalité. Je lui adresse un salut amical en notre nom à tous.

« Je veux un portail numérique francophone » sur TV5

Alors qu’elle lance aujourd’hui la première réunion des ministres francophones de l’enseignement supérieur sur les initiatives pour le développement de l’espace numérique francophone (iDneuf), Annick Girardin était interviewée hier sur le défi du numérique pour la francophonie par Patrick Simonin pour TV5.

Engagée pour les «femmes d'avenir»

Annick Girardin, a ouvert la cérémonie de lancement du nouveau programme « Femmes d’avenir en Méditerranée » à Sciences Po Paris le 1er juin en compagnie de Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes, et d’Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international soutient cette formation, qui s’adresse aux jeunes femmes de la rive sud de la Méditerranée engagées dans la promotion de l’égalité femmes-hommes.

Depuis 2013, la politique extérieure de la France est dotée d’une stratégie «  genre et développement » pour mieux prendre en compte l’égalité hommes-femmes dans les programmes de développement. La première loi sur le développement et la solidarité internationale, adoptée en juillet 2014, a fait de cette thématique une priorité transversale de l’aide française. A l’initiative notamment de la France, le Conseil de l’Union européenne a rappelé le 26 mai 2015 la nécessité de placer la promotion des femmes au cœur de l’agenda du développement durable

C’est sur ce dernier point qu’Annick Girardin a insisté lors de son discours :

Madame la secrétaire d’État,
Madame la Députée et Marraine de la promotion,
Madame la secrétaire générale de Sciences-Po,
Monsieur le Directeur international de Sciences-Po,
Mesdames et messieurs,
Chères femmes d’avenir,
Je me réjouis d’être aujourd’hui parmi vous pour accueillir la première promotion de « Femmes d’avenir en Méditerranée ».
 
Je tiens tout d’abord à remercier l’ensemble de nos partenaires qui ont rendu cette formation possible,  en particulier l’Institut d’études politiques de Paris, qui nous accueille aujourd’hui, et qui est le maître d’œuvre de ce programme sur mesure, que le ministère des affaires étrangères est fier de financer.
 
Je tiens bien sûr à féliciter chaleureusement les 22 jeunes femmes, de 9 nationalités différentes, venues des pourtours de la Méditerranée.
 
Vous êtes en effet marocaines, algériennes, tunisiennes, égyptiennes, turque, libanaises, palestinienne, jordanienne et syrienne. Certaines d’entre vous viennent de pays terriblement affectés, qui ont tant besoin de l’espoir que vous représentez.
 
Vous avez été sélectionnées parmi plus de 800 candidates pour la qualité et la richesse de vos parcours. Vous venez d’univers aussi varié que celui de l’entreprise, du journalisme, de l’université, de la recherche ou des ONG.
 
Mais ce qui vous rassemble toutes aujourd’hui, c’est votre engagement personnel, au sein de vos sociétés, en faveur de la défense des droits des femmes et la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, à titre personnel et collectif.
 
Votre présence aujourd’hui parmi nous, ici à l’Institut d’études politiques de Paris, consacre cet engagement fort. Je vous en félicite encore une fois.
 
Je souhaite d’abord souligner toute l’importance que la France attache à l’espace méditerranéen, que nous partageons.
 
Je l’ai vécu et ressenti lors de mes déplacements récents au Liban ou en Tunisie. Parce que nous avons une histoire commune, source de tant de liens culturels, économiques et humains, nos destins sont profondément liés. C’est donc ensemble que nous devons bâtir un avenir durable, solidaire et équitable.
 
Cet avenir doit faire toute sa place aux femmes. C’est une question essentielle, au cœur de mon action de secrétaire d’Etat au développement et à la francophonie. Elle est essentielle par souci de justice et d’équité : nous sommes au XXIème siècle et il est temps que les femmes, partout sur cette planète, accèdent dans les faits à l’égalité que le XXème siècle leur a reconnue dans le droit.
 
Elle est essentielle aussi parce qu’une société qui ne donne pas aux femmes toute leur place dans l’espace économique, social et politique, se prive de la moitié de ses talents et bride dramatiquement son potentiel de développement. C’est aussi simple que cela.
 
Les sociétés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, c’est-à-dire la rive sud de la Méditerranée, connaissent des transformations profondes, rapides, complexes.
 
Parfois pour le meilleur – je pense à la naissance de la démocratie tunisienne – et parfois pour le pire – je pense naturellement à la tragédie syrienne. Parfois bruyantes, parfois silencieuses. Parfois radicales et décisives, parfois au contraire, fragiles et réversibles. Le pire serait de tomber dans le piège de la caricature, qui conduit à celui de l’indifférence.
 
Toutes ces évolutions, en tous cas, montrent l’immensité des défis auxquels nous sommes confrontés. Les femmes ne demandent qu’à s’engager, et les printemps arabes ont montré qu’elles jouaient un rôle déterminant.
 
Elles doivent, dans les transitions à l’œuvre, prendre toute la place qui leur revient, mettre tout leur talent au profit des économies, des sociétés, des cultures en pleine évolution. Elles représentent 60% des lauréates d’universités ; en comparaison, elles sont à peine 25% à avoir une activité professionnelle…
 
Malgré les avancées des dernières décennies, elles ont toujours moins accès à la formation professionnelle et à l’emploi. Surreprésentées dans le secteur informel de l’économie, elles exercent souvent des emplois précaires et mal rémunérés.
 
Se priver de tant de talents, de créativité, et de savoir-faire, c’est perdre un temps précieux dans la quête d’un avenir meilleur. Le défi de l’égalité entre les femmes et les hommes doit être relevé.
 
La France y apporte sa contribution. Le Ministère des Affaires étrangères s’est dotée en juillet 2013 d’une stratégie « genre et développement », qui vise à prendre en compte l’égalité hommes-femmes dans nos projets et programmes de développement. La première loi française sur le développement et la solidarité internationale, adoptée en juillet 2014, a fait de cette thématique une priorité transversale de notre aide.
 
Elle fait du plaidoyer politique au niveau de notre dialogue bilatéral avec les pays, comme dans les enceintes internationales, une même arme au service du développement et de notre vision de l’avenir des sociétés.
 
Nous défendons cette vision avec détermination, dans toutes les enceintes internationales.
 
Mardi dernier, j’étais à Bruxelles avec mes collègues européens. Nous avons demandé à la Commission de nous présenter rapidement un plan d’action pour la promotion des femmes. Nous mettrons cette question au cœur des objectifs du développement durable qui seront adoptés par les Nations Unies en septembre.
 
Parallèlement, j’ai souhaité porter un plan ambitieux pour les jeunesses du sud. Les jeunes sont l’avenir de nos sociétés, ce sont les citoyens, les parents, les entrepreneurs, les politiques de demain.
 
Investir en faveur des jeunes est une priorité. C’est un levier majeur pour promouvoir un développement durable et des sociétés stables, équitables et inclusives.
 
La France s’est engagée à mobiliser l’ensemble de ses partenaires pour la jeunesse, renforcer le dialogue politique sur le défi démographique et l’action en faveur des droits des femmes, soutenir le développement des compétences et des talents des jeunes.
Mais aussi contribuer à une meilleure santé, renforcer les actions en faveur de l’employabilité et promouvoir le volontariat et la mobilité.
 
La France soutient ainsi des projets d’autonomisation économique, politique et sociale des femmes, en particulier des femmes d’avenir… Nous vous accompagnons avec beaucoup de plaisir et d’intérêt, vous, les femmes d’avenir, originaires de cette région Méditerranée, qui portez les espoirs de tant de femmes et d’hommes de vos pays respectifs.
 
En tant que jeunes femmes, vous êtes les actrices des changements et des évolutions de vos sociétés respectives. Votre contribution aux transitions politiques, sociales et économiques est décisive, pour vous mais aussi pour nous, tant nos sociétés sont devenues aujourd’hui interdépendantes.
 
Notre avenir commun repose également sur la lutte contre le dérèglement climatique. En cette année décisive de la conférence Paris climat, comment ne pas insister sur ce point. Les femmes peuvent jouer un rôle central dans cette lutte.
 
D’abord parce qu’
elles sont les premières victimes du dérèglement climatique.
Ce sont elles qui souffrent en premier de la raréfaction des ressources en eau ou pâtissent de l’utilisation du charbon de bois aux émanations toxiques.
 
Mais les femmes, bien sûr, font partie intégrante de la solution. J’ai pu le constater à maintes reprises sur le terrain. Elles trouvent le moyen de s’adapter et inventent des méthodes originales, des solutions pratiques. Je pense par exemple à ces associations de femmes qui, au Burkina Faso, fabriquent des foyers améliorés pour limiter la consommation de bois et protéger, en même temps, leur santé et celle de leurs enfants. Il y a tant d’exemples de cette créativité au féminin…
 
Les femmes portent le changement, il faut capitaliser sur cette force créative.
 
Je souhaite que votre promotion soit l’amorce d’un large réseau de femmes d’avenir en Méditerranée : pour porter la voix de la tolérance, de la paix et de la stabilité, pour être des vecteurs de changement dans les sociétés que vous représentez et pour créer des ponts entre vos pays et entre les deux rives de la Méditerranée.
 
Je vous souhaite à toutes un très bon séjour parmi nous et de fructueux échanges tout au long de ces 2 semaines.

Lancement de la France s'engage au Sud

Annick Girardin, secrétaire d’État chargée du Développement et de la francophonie, a lancé aujourd’hui avec Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, le dispositif « La France s’engage au Sud ». Ce nouveau concours annuel récompensera des porteurs de projets d’innovation sociale dans les pays du Sud. L’objectif est de permettre à des projets ingénieux et prometteurs, avec un fort impact social ou environnemental, d’être valorisés et de changer d’échelle pour en faire profiter le plus grand nombre.

Prolongement du programme « La France s’engage », porté par le Président de la République depuis juin 2014, « la France s’engage au Sud » mobilisera le réseau diplomatique français, des ONG et des entreprises françaises.

Lors du lancement, le jury du dispositif a été présenté. Composé de personnalités, elles-mêmes engagées dans la culture, les médias, l’humanitaire, l’entreprise ou la recherche, il est présidé par M. Martin Hirsch, ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse et président de l’Institut de Service Civique.

Dans son discours de lancement, la secrétaire d’État a rappelé les causes de la mise en place de La France s’engage au Sud : 

Cher Patrick, Cher Martin,
Mesdames et Messieurs du jury,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
 
C’est avec une joie toute particulière que je lance, aux côtés de Patrick Kanner, «La France s’engage au Sud».
J’exprime à chacun d’entre vous ma gratitude pour votre mobilisation au service de ce grand chantier national, voulu et porté par François Hollande, et qu’il a souhaité voir se prolonger au Sud.
L’innovation sociale qui nait et se multiplie hors de nos frontières est au service d’un monde plus juste.
Un monde plus juste, c’est un monde ou la catastrophe du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.000 travailleurs il y a deux ans jour pour jour, n’aurait plus lieu d’être.
C’est aussi pour cela que nous devons encourager l’innovation sociale par tous les moyens.
Vous le constatez tous les jours, les défis sont nombreux, partout sur la planète. Dans un monde où les économies, les sociétés ou les écosystèmes sont interdépendants, les défis localisés deviennent rapidement des défis planétaires. À l’image de ces défis, notre engagement, aujourd’hui, doit être planétaire.
 
Cette année 2015 est marquée par de grandes échéances internationales : nous évoquons beaucoup Paris Climat en France, mais elle sera précédée de la conférence d’Addis Abeba sur le financement du développement, et de celle de New York sur l’Agenda du développement durable. Les résultats de ces trois grands rendez-vous détermineront notre capacité à réagir et à prendre en main notre avenir.
Nous n’avons pas le droit d’échouer. Nous ne pouvons plus accepter une croissance économique qui creuse les inégalités et appauvrit les territoires, détruit les ressources naturelles, dérègle le climat, et met en péril l’avenir de nos enfants et la survie de la planète. Notre responsabilité est engagée. Faisons la preuve de notre solidarité et de notre engagement planétaire.
La réponse ne peut être que collective. Il faut que nous rassemblions nos forces, que nous soyons créatifs, imaginatifs, à l’écoute des sursauts d’énergie en France, mais aussi loin d’ici, sur les territoires du sud qui fourmillent d’initiatives innovantes.
Ces initiatives, j’en croise dans chacun de mes déplacements dans les pays que nous accompagnons. Je suis frappée par le nombre d’entrepreneurs, d’agriculteurs, de chercheurs, d’ONGs, qui chaque jour innovent pour proposer des solutions concrètes à des problèmes sociétaux souvent anciens. Je suis impressionnée par leur ingéniosité. Elles offrent des solutions nouvelles, de nouvelles manières de produire, de consommer, de vivre ensemble …
 
Ce peuvent être des réponses apportées à des besoins de consommation courante pour des populations à faible revenu, ou isolées – comme le logement, l’alimentation ou l’accès à l’énergie dans les villages reculés.
Je pense à un projet que j’ai pu voir au Sénégal, près de Ziguinchor, où une ONG, une multinationale, une collectivité locale, avec un peu d’aide, sont parvenues à équiper un village isolé en énergie solaire et à la distribuer aux habitants.
Je pense à un projet que j’ai visité à Madagascar, porté par une entreprise sociale, aidée par une coalition d’acteurs, qui permet de lutter contre la malnutrition grâce à la distribution de farines infantiles dans des restaurants pour bébés.
Je pense aux habitants de Xochimilco, que j’ai rencontrés au Mexique, qui s’investissent dans un projet de préservation et d’aménagement durable de la zone patrimoniale, menacée par l’urbanisation anarchique.
Ce peut être également un soutien à des circuits d’approvisionnement durable – comme la sécurisation de débouchés pour la petite agriculture familiale ; et des initiatives innovantes, promues par de grandes entreprises, qui coopèrent avec des ONG et des bailleurs, montrent la voie pour soutenir cette priorité.
Et je tiens à ce sujet à saluer l’initiative Weccee de l’association Cool’eurs du Monde, présente dans la salle et que j’ai reçue ce matin. Ce projet de réciprocité met en place, avec l’Agence du Service Civique, un échange de 20 jeunes volontaires entre l’Aquitaine et le Sénégal. Ce matin, en les rencontrant, je n’avais plus besoin de définir la solidarité internationale, elle est là, devant mes yeux.
Ces initiatives, elles ouvrent la voie à des programmes ou des politiques, celles de demain, pour un monde durable.
 
Je suis convaincue que nous avons beaucoup à gagner à les connaitre, à les aider, à accompagner leur diffusion. Quand une expérience a fait ses preuves sur un territoire, qu’elle a démontré son efficacité, notre devoir est de permettre sa démultiplication.
Vous l’aurez compris, je crois à ces innovations sociales, à ces initiatives hybrides qui reposent sur la créativité, sur la recherche d’une utilité sociale.
Je crois aux vertus de l’échange, du débat.
Je crois à la co-construction qui rassemble autour d’une même table des visions, des conceptions, des savoir-faire multiples et souvent complémentaires, au service d’un monde plus juste.
Cette envie d’engagement concerne toutes les générations, et en particulier les plus jeunes, et vous savez l’attachement que je porte à la jeunesse.
Les jeunes sont notre avenir, notre espoir. Au sud, il nous faut être à l’écoute, aussi, de cette jeunesse dynamique et créative qui porte le changement et ne demande qu’à être accompagnée.
 
L’engagement concerne des particuliers, des ONGs, des collectivités locales, des entreprises de l’économie sociale et solidaire, mais aussi du secteur lucratif. L’engagement n’est pas réservé à un type d’économie, à un secteur particulier. L’engagement nous concerne tous. C’est tout le sens de la France s’engage au sud, pour laquelle nous allons consacrer 500 000 euros par an de notre APD.
Alors je remercie très chaleureusement Patrick Kanner et son équipe pour avoir encouragé l’extension de La France s’engage aux pays du Sud ;
je remercie Martin Hirsch d’avoir immédiatement soutenu cette initiative et de faire généreusement le lien avec La France s’engage ;
je remercie les membres du jury pour leur enthousiasme et leur engagement à nos côtés ;
je remercie les équipes qui vont accompagner ce concours, à la DGM et à l’AFD, ainsi que dans le réseau (Ambassades, agences locales) ;
je vous remercie, enfin, de nous accompagner aujourd’hui et de bien vouloir relayer ces informations à vos correspondants partout au Sud.

 

Déplacement au Liban

Annick Girardin termine aujourd’hui un déplacement au Liban commencé le samedi 21 mars. Cette visite s’est faite sous le signe de la solidarité et du soutien de la France au Liban, dans un contexte régional marqué par la crise syrienne.

La secrétaire d’État a participé aux cérémonies de clôture du mois de la francophonie et s’est rendue à l’Institut Français de Deir El Qamar pour inaugurer un « bibliobus », en présence de Mme Nora Joumblatt.

Annick Girardin a également réceptionné une « Ideas Box ». Cet outil innovant de diffusion de la culture, récemment primé par le Président de la République dans le cadre du dispositif La France s’engage, permettra aux réfugiés syriens d’avoir accès à la culture et de pouvoir rester en lien. C’est ce qu’a rappelé la secrétaire d’État dans son discours d’inauguration :

Monsieur le représentant du ministre des affaires sociales,
Monsieur l’Ambassadeur Christian Conan, Monsieur l’Ambassadeur de France,
Mesdames et messieurs, Chers amis,
 
C’est un plaisir et un honneur d’être parmi vous aujourd’hui à l’Institut Français de Beyrouth pour accueillir cette IDEAS BOX au Liban.
 
Permettez-moi de saisir l’occasion pour saluer les ONG présentes ici : Bibliothèques sans frontières bien sûr, mais aussi les ONG libanaises et toutes les ONG humanitaires françaises qui interviennent ici auprès des populations vulnérables, aux côtés des agences des Nations Unies qui, comme le HCR et l’UNICEF jouent un rôle crucial dans la réponse aux besoins des populations réfugiées.
 
Les représentants de BIBLIOTHÈQUES SANS FRONTIÈRE vous parleront mieux que moi de cette innovation sociale qu’est l’IDEAS BOX. Innovation sociale pour sa nouveauté, pour la réponse inédite et créative qu’elle apporte aux besoins des communautés défavorisées, pour son utilité sociale. L’IDEAS BOX  est le fruit d’une coopération entre acteurs mus par le même objectif : soulager des souffrances, accompagner des situations de fragilités, raccrocher au monde des populations déracinées, les aider à communiquer, leur permettre de s’évader. L’IDEAS BOX est à la fois une bibliothèque et un centre de ressources portables. Elle s’adresse aux plus jeunes comme aux anciens, par une offre aux besoins de chacun. Elle met à disposition des livres illustrés, des romans, aussi bien que des logiciels de jeu, des ressources pédagogiques, internet. Elle recrée un lieu de vie, un espace public propice à l’échange et au lien social.
 
Vous l’aurez compris, j’ai été séduite par l’IDEAS BOX le jour où l’équipe de Bibliothèque Sans Frontière me l’a présentée. Et je ne suis pas la seule dans ce cas, évidemment … j’ai eu le plaisir d’assister, il y a 15 jours, à la désignation de l’IDEAS BOX parmi les lauréats de la deuxième édition du concours  « La France s’Engage » parrainé par le Président Hollande. J’en profite pour vous annoncer le lancement, dans une quinzaine de jours, de la « France s’engage au Sud ». J’ai, en effet, souhaité que ce concours s’ouvre aux innovations sociales nées au sud, dans des pays en développement ou émergents. Ce sera bientôt chose faite, et je vous invite tous à le faire savoir.
 
Alors, pourquoi avons-nous décidé de financer le déploiement d’une de ces boites au Liban ?
       
Vous le savez tous, le Liban accueille près d’1,5 million de réfugiés syriens, dont la moitié sont des enfants et des adolescents, soumis le plus souvent à la précarité, à l’isolement, et aux nombreux traumatismes causés par les violences de la guerre et de l’exil. Le Liban a généreusement ouvert les portes de ses écoles publiques aux enfants syriens, mais les trois-quarts des 400.000 enfants syriens ne vont pas à l’école. Au-delà des enfants, ce sont aussi les jeunes et les adultes réfugiés qui sont nombreux à être coupés de l’accès aux outils habituels de la culture et de l’information.
En permettent d’avoir accès à l’information, à l’éducation et à la culture, cette boîte est un outil pour se divertir, pour se cultiver, pour se reconstruire, pour être relié au monde, pour se projeter dans l’avenir.
La mise en place d’une première boite au Burundi dans un camp de réfugiés congolais a montré tout ce que le projet pouvait apporter à une communauté fragilisée : un espace récréatif et éducatif, un espace de détente et d’accès à la culture et à l’information, un espace créatif favorisant l’échange et le débat entre les membres. Une autre boite est en cours de déploiement en Jordanie, dans le grand camp de réfugiés d’Azraq, grâce au partenariat entre BSF, le HCR et l’ONG CARE. Nous sommes très heureux que la prochaine étape soit le Liban et que les « IDEAS BOX » puissent être prochainement mises au service des Libanais vulnérables et des réfugiés syriens vivant ici.
 
Alors, on pourrait nous dire qu’une boite, c’est un gadget. Car un des enjeux auquel nous faisons face est naturellement celui de l’échelle d’intervention. Mais si on arrive à répliquer l’expérience à grande échelle, l’idée aura atteint sa cible. Cela passe par des partenariats, que BSF est en train de construire au Liban. Le ministère des affaires sociales est intéressé au déploiement de la première IDEAS BOX dans un de ses Centres de développement social (CDS). Les contacts sont aussi noués avec l’UNICEF, War child Holland, et plusieurs autres ONG locales comme Alphabet, Iqraa et Assabil ; avec d’autres acteurs, comme Ettijahat dans le secteur de la culture ou la librairie El Bourj.
 
Naturellement, ces boites ne vont pas régler à elles seules le problème des réfugiés syriens. Elles n’y ont d’ailleurs jamais prétendu. Cette solution, elle passe par une mobilisation internationale d’ampleur. Je me rendrai à Koweït le 31 mars prochain pour y participer à la 3ème conférence des donateurs et annoncer la contribution de la France. Ici même, au Liban, la France contribue à traiter d’autres aspects du drame vécu par les réfugiés. Elle passe surtout par une solution politique en Syrie même, à laquelle la France travaille avec ses partenaires.
 
Mais d’ici-là, chacun peut apporter une contribution. Et vous l’avez compris, nous sommes très heureux de pouvoir accompagner ce projet qui propose une réponse concrète et adaptée aux besoins des populations qui en bénéficieront.
 
Nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans sa mise en œuvre et son déploiement et espérons qu’il sera suivi par le déploiement d’autres IDEAS BOX au Liban et partout où des populations souffrent.

Au cours de ce déplacement, Annick Girardin s’est également entretenue avec M. Tammam Salam, Premier ministre, M. Gebran Bassil, ministre des Affaires Étrangères et des Émigrés, M. Rachid Derbas, ministre des affaires sociales, M. Elias Bou Saab, ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur et M. Raymond Araygi, ministre de la culture.